David Berty : « parler de la maladie, c’est mon médicament »

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A 42 ans, cet ancien rugbyman de renom se bat depuis quinze ans avec une sclérose en plaques. Passé par le Stade Toulousain et la sélection nationale, il détient notamment cinq titres de champion de France et une coupe d’Europe. Face à l’adversité, ce combattant veut aujourd’hui insuffler l’esprit d’abnégation qui l’anime. Le 18 octobre prochain, il sort un livre intitulé « Rien ne vaut la vie ». Entretien.

 

Toulouse Infos: « Comment avez-vous appris que vous étiez atteint de la maladie ?

David Berty: Les premiers symptômes se sont déclarés en 1997, lorsque j’étais au Stade Toulousain. J’ai commencé à perdre tous mes moyens physiques et j’ai changé de club tous les ans. Je mettais tous mes problèmes sur mes blessures. Mon épouse était fatiguée de m’entendre me plaindre, elle m’a conseillé d’aller consulter un médecin hors du contexte rugby. J’ai été redirigé vers un neurologue qui m’a diagnostiqué une sclérose en plaques. Pendant trente secondes, j’étais presque content parce que j’avais enfin identifié le mal qui me rongeait depuis quatre ans.

 

T.I: Comment vivez-vous la situation ?

D.B: Aujourd’hui, très bien. Au début, c’était vraiment difficile, surtout en tant que sportif. Mes jambes ne suivaient pas et je ne pouvais plus courir. Petit à petit, j’ai appris des choses sur la maladie et j’ai su ce que je pouvais faire ou ne pas faire. J’ai eu envie de me bouger, de réagir. Je ne voulais pas entrainer mes proches dans ma dépression. Dans ma tête, la maladie m’a changé. J’ai fait des choses que je n’aurai jamais imaginé. Je suis quelqu’un de très timide et je ne me sentais pas capable de prendre la parole devant cinquante personnes. Et pourtant. Le fait d’en parler, ça fait beaucoup de bien, c’est mon médicament.

 

T.I: Pourquoi cette démarche d’écrire un livre ?

D.B: Je voulais faire parler de cette maladie tellement complexe et tellement diverse. La plupart des gens ont l’image du fauteuil roulant, de la personne dépendante des autres et ne cherchent pas à la connaître. Pourtant, la sclérose en plaques touche environ 90 000 personnes en France. Quand on voit l’handicap, les choses sont plus claires. Cette maladie, elle, est invisible. Il y a un gros travail à faire auprès des gens et surtout des employeurs. Un autre but était aussi de faire connaître l’Association Française des Sclérosés en Plaque (AFSEP), que je parraine.

 

T.I: Le titre de votre livre, « Rien ne vaut la vie » est-il un encouragement à relativiser ?

D.B: Totalement. Il faut relativiser et accepter ce que l’on a. Moi, j’ai de la chance par rapport aux autres. J’en ai parfois un peu honte. »

 

propos recueillis par Christophe Guerra