Le gouvernement change, pas les conditions de rétention des étrangers

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Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement et les espoirs qu’il laissait présager, la Cimade attendait du changement dans les conditions de rétention des personnes étrangères. Elle déplore toujours aujourd’hui la persistance de pratiques préfectorales déloyales et inhumaines, qui vont à l’encontre de la volonté annoncée de rompre avec la politique du chiffre.

 

Le changement de gouvernement n’a pas fait évoluer la situation des migrants en France et particulièrement en Haute-Garonne. C’est pourquoi, la Cimade, seule association autorisé à entrer dans les centres de rétentions administratifs, a lancé sa première alerte. « Ces dernières semaines, des situations particulièrement inhumaines qui caractérisent des atteintes à la vie familiale, à la dignité ont eu lieu. Il y a un décalage avec les discours affichés des politiques » s’explique Pierre Grenier, délégué départemental de la Cimade. Pour Lionel Claus le permanent de l’association au centre de rétention de Cornebarrieu, la situation stagne. « Il y a toujours autant de d’affaires dramatiques comme on voyait avant, rien n’a changé dans le traitement individuel des personnes. Des interpellations avec des arrestations au domicile de migrants qui vivent durablement en France depuis de nombreuses années ont toujours lieu » regrette-t-il. « Il y a un dialogue avec l’Etat, mais on veut plus, on attend des actes », souligne Pierre Grenier. Du côté de la préfecture, aucune tête n’a changé alors pour eux il n’y a aucune raison que ça suive…

 

Disparition de la politique du chiffre

Les membres de la Cimade notent cependant un point positif. En effet, « il n’y a plus de politique du chiffre et dans la pratique les interpellations sont moins nombreuses ». A l’heure actuelle il y a moins de personne dans le centre de rétention comme partout en France. « Depuis le 1er janvier, 1100 personnes sont passés par le centre de rétention, à la même époque l’an passé, le chiffre était de 1300. Ils ont peut-être mis moins de pression sur les préfets », s’interroge Lionel Claus. Outre ce léger mieux, la Cimade s’alerte toujours des cas par des cas des personnes qui n’est « pas satisfaisant ». « Les hommes qui sont sur le point de se marier, d’être père de famille ou malades sont renvoyés dans leur pays où les craintes sont là » déplore Lionel Claus. Un algérien vivant depuis 2000 en France s’apprête à être reconduit dans son pays du jour au lendemain sans lui laisser de temps, « rien n’a évolué depuis quatre mois » déplore l’association. Pour les migrants aussi il y a une grande déception, ils espèrent que la situation va changer rapidement.

 

Emma Faury