Enregistrements de Merah : face à la justice, à l’opinion, et au CSA, TF1 se justifie

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Depuis la diffusion des enregistrements vidéo dévoilant les discussions entre Mohamed Merah et le RAID sur TF1 dimanche dernier, la polémique ne désenfle pas. Entre liberté de la presse, respect des familles des victimes et secret de l’instruction, la chaîne doit trouver les mots justes face aux critiques et à la justice.

 

Une enquête judiciaire a été ouverte, dimanche, pour violation du secret de l’instruction. Comment TF1 s’est-elle procurée les enregistrements si controversés ? C’est la question à laquelle la justice devra répondre. Une enquête administrative a été lancée en parallèle, et hier, les policiers de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) ont tenté d’obtenir la totalité du document auprès de la société d’Emmanuel Chain et de Thierry Bizot (producteurs de Sept à Huit), Eléphant et Cie. Ils ne sont repartis qu’avec le reportage diffusé dimanche dans l’émission Sept à Huit, au motif que ce n’était pas une perquisition, mais une réquisition.

Mais il n’y a pas qu’à la justice que TF1 devra rendre des comptes. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel compte également interroger les responsables de la chaîne, mais aussi ceux d’I-Télé et de BFM-TV qui ont diffusé les mêmes images par la suite. Ils seront entendus aujourd’hui en séance plénière.

Quant aux familles des victimes, les avocats montent au créneau depuis dimanche, accusant la chaîne de privilégier « la télé-réalité » à l’information. Les familles qui n’ont pas été prévenues ont été choquées « d’entendre la voix de l’assassin de leur proche » explique Samia Maktouf, l’avocate d’un militaire tué par Mohamed Merah, sur BFM-TV. Depuis dimanche, elles se battent pour empêcher la diffusion de ces images sur internet. Leur crainte est de voir un jour, les vidéos des meurtres filmés par le terroriste.

Face aux critiques qui fusent de toute part, TF1 se défend. Les dirigeants de la chaîne expliquent tour à tour dans la presse que seulement quelques extraits ont été choisis sur un document long de 4h30. Les passages diffusés ont une « une forte valeur d’information » a déclaré Emmanuel Chain, sur RTL. « Nous sommes des journalistes, notre travail c’est d’informer » a affirmé Catherine Nayl, directrice de l’information du groupe de l’émission. Peut-on tout diffuser au nom de la liberté de la presse et de l’information ? La question est soulevée.

 

Coralie Bombail