L’épandage aérien met en danger les abeilles, « insectes pollinisateurs indispensables »

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Alors que l’épandage aérien de pesticides vient d’être autorisé par la Préfecture de Haute-Garonne sous certaines conditions, le monde agricole gronde. Des conséquences pour la santé humaine et animale seraient à prévoir.

 

Le 5 juillet, la Préfecture de la Haute-Garonne a autorisé une dérogation saisonnière à l’interdiction d’épandage aérien dans la région. Une décision issue d’une consultation publique mais déplorée par France Nature Environnement (FNE) et les Apiculteurs Midi-Pyrénées notamment. Ils dénoncent les dommages collatéraux sur la faune et la flore que risque d’engendrer une telle pratique ainsi que les zones d’ombre de l’arrêté préfectoral.

 

L’arrêté

L’épandage aérien de pesticides, est interdit en France par une loi européenne en vigueur depuis la loi Grenelle II du 13 juillet 2010. Cependant, depuis le 5 mars dernier, une circulaire du ministère de l’Agriculture introduit des exceptions à cette interdiction. Accordée pour 3 mois jusqu’au 30 septembre 2012 afin de « traiter certaines cultures céréalières, de maïs grain, maïs semences et maïs pop-corn en Haute-Garonne », la dérogation du 5 juillet s’inscrit donc dans le cadre de la loi.

D’après la Préfecture, « 8000 hectares au maximum sont susceptibles d’être concernés, soit 28% des surfaces réservées à la culture du maïs ». De plus, ce traitement, « pour l’instant le seul efficace », se révèlerait « indispensable pour prévenir des maladies pouvant entraîner le développement de produits toxiques dans le maïs destiné à la consommation animale et humaine  et ainsi garantir la « santé publique ».

 

« Nous seront impuissants, pris au piège »

« Alors que nous sommes dans une situation catastrophique avec 60% de pertes de nos cheptels chaque année, cette décision va certainement accroître la mortalité des abeilles » s’enquiert Olivier Fernandez président d’Apiculteurs Midi-Pyrénées. Il s’inquiète du type de molécules utilisées dans ces épandages alors que « des études scientifiques réalisées par des laboratoires français et chinois ont attesté de leur dangerosité sur la santé humaine et animale ».

Mais il s’inquiète encore plus particulièrement pour le sort des abeilles. Insectes pollinisateurs indispensables, elles sont à l’origine de 80% des fleurs, fruits et légumes. Déjà très affectées par la pollution et les pesticides en général, il est clair pour Olivier Fernandez qu’elles souffriront forcément des traitements aériens « très volatiles et d’une durée de vie de 10 ans pour la plupart ».

Pour finir, le refus de la Préfecture d’accorder un délai d’information plus long aux apiculteurs n’arrange rien. « Prévenus 72h à l’avance alors que l’on demandait à l’être 5 jours avant, ce délai est trop court pour nous permettre de protéger nos cheptels des pesticides. Nous seront impuissants, pris au piège…» précise Olivier Fernandez.

 

Céline Roudière