Toulouse. Menacé d’expulsion, le Slôli monte au créneau

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Lundi 2 juillet à 10h le collectif « Slôli » a investi les locaux de la Mairie de Toulouse sans y être invité. Cette action fait suite à la menace d’expulsion dont il fait l’objet et qui doit rentrer en application dans les jours qui viennent.

 

« Il y a plein de locaux libres mais les associations qui en font la demande mettent des années pour avoir quelque chose. Pour le souligner, on est passé en mode ‘squat’ » confie Christopher un des membres fondateurs de « Slôli ».

Depuis plusieurs mois, c’est donc illégalement que le collectif occupe le n°2 de la rue Faubourg Bonnefoy. Aujourd’hui leur local est «préempté par la municipalité pour le futur quartier autour de ligne à grande vitesse (LGV) de 2020». Son propriétaire, la SA HLM Les Chalets clame son bien pour le revendre et depuis vendredi soir, la police est en droit d’intervenir à tout moment.

 

L’atelier

Officiellement ouvert en mars 2012 par une bande de passionnés, le concept de cet atelier-vélo participatif était simple. «Slôli» voulait réunir dans un même lieu « outils, conseils et savoir » sur tout ce qui touche de près ou du loin à la pédale. En retour, les visiteurs sont priés de « prendre un peu de temps pour faire tourner l’atelier ou pour faire un geste participatif libre ».

Parmi les fidèles du local, Michael Buschbacher, un fondu de vélo qui a traversé l’Europe sur son fidèle engin. « Des endroits comme « Slôli » j’en ai pas vu beaucoup ailleurs, à part à Berlin et en Hollande où le vélo est très populaire. Le collectif fait vraiment de bonnes choses et il est même connu à l’étranger. J’étais en Autriche lorsque j’en ai entendu parler pour la première fois » se souvient-il.

Mais le «simple» atelier-vélo se transforme et se diversifie vite. «Des habitants du quartier nous ont dit qu’ils aimeraient monter un atelier photos, d’autres un atelier couture. La partie photo a tellement bien marché qu’elle est ce mois-ci sélectionnée au festival «Faites de l’Image» (NDLR les 6 et7 juillet)». Une friperie est aussi mise en place. Comme en mars, le public vient désormais pour «réparer son vélo» mais aussi «remettre en état des appareils électroménagers, approcher les techniques de la permaculture, discuter simplement sur les canapés, accéder à Internet ou encore…faire du pain!» complète Christopher.

Un dernier aspect des prestations qu’offre « Slôli » ne peut être ignoré, celui du logement social. Trois familles dont une femme enceinte, en très grande précarité sociale, élisent actuellement domicile dans l’atelier. Disposant de l’espace nécessaire, le 115 ferait même directement appel au collectif  depuis plusieurs mois.

Débouchant sur la promesse d’un rendez-vous cette semaine avec Jean Michel Fabre, adjoint en charge de démocratie locale et citoyenneté, le «squat» de l’hôtel de ville montre la détermination des membres du collectif. « Fin du premier round » confie un militant.

 

Céline Roudière