Le cannabidiol (CBD) trouve son public à Toulouse

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Le cannabidiol (CBD) trouve son public à Toulouse
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Malgré une incertitude juridique latente, l’engouement pour le cannabidiol (CBD) ne faiblit pas dans l’Hexagone. Cette molécule à laquelle on attribue des propriétés relaxantes, antalgiques et anti-inflammatoires a d’ailleurs trouvé son public à Toulouse et, plus largement, en Occitanie. Chronique d’un marché dynamique porté par une molécule de moins en moins controversée…

Déjà 20 boutiques spécialisées dans les produits de CBD à Toulouse

Comme un peu partout en France, les boutiques spécialisées dans les produits à base de cannabidiol fleurissent dans les grands pôles urbains occitans… mais pas seulement. Selon une enquête relayée par Francebleu.com, Toulouse compte déjà une vingtaine de magasins de ce type, quasiment tous ouverts lors des deux dernières années. Des contrées occitanes moins peuplées comme Montauban, Muret ou encore Albi ont, elles aussi, vu éclore des espaces CBD. La petite commune de Castres, à 77 km à l’est de Toulouse, compte même une demi-douzaine de boutiques proposant de l’huile de CBD mais aussi des feuilles, des fleurs, des tisanes, des e-liquides pour cigarette électronique et même des desserts au cannabidiol.

Au niveau national, (presque) tous les signaux sont au vert pour les professionnels du secteur. Selon les chiffres de l’interchanvre, le marché du CBD aurait généré plus de 300 millions d’euros en 2021, et le nombre de boutiques spécialisées s’est multiplié par cinq entre 2020 et fin 2021, passant de 400 à plus de 2 000. Comme l’explique le média LSA Conso, la France compterait plus de 7 millions de consommateurs réguliers de produits à base de CBD, soit plus de 16 % de la demande européenne. Il faut dire que l’Hexagone accapare plus de la moitié de la production européenne de chanvre industriel, matière première de laquelle est extrait le cannabidiol pur. L’abondance du chanvre industriel permet aux grossistes, semi-grossistes et détaillants de s’approvisionner en CBD pas cher toute l’année pour combler une demande croissante.

Le CBD thérapeutique à l’essai au CHU de Toulouse

En mars 2021, le ministère des Solidarités et de la Santé a annoncé le lancement d’une grande expérimentation portant sur deux molécules issues de la plante Cannabis Sativa L., plus connue sous l’appellation usuelle de « chanvre cultivé » : le cannabidiol (non psychotrope) et le THC (psychotrope). Cette expérimentation médicale, qui devrait s’étendre jusqu’à mai 2023, vise à évaluer l’apport de ces deux molécules dans le traitement d’un vaste spectre de symptômes et de pathologies, tout en mesurant les effets secondaires éventuels pour déterminer le ratio bénéfice – risque de manière plus précise. Cet essai de grande envergure portera sur les indications thérapeutiques définies par l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), à savoir :

-Les épilepsies dites « pharmaco-résistantes » ou réfractaires aux traitements disponibles ;
-Les symptômes rebelles en oncologie, notamment les douleurs aiguës ou chroniques ;
-Les douleurs neuropathiques qui résistent aux antalgiques classiques ;
-Le soulagement de la douleur en soins palliatifs ;
-La spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ;
-La spasticité douloureuse des pathologies du système nerveux central.

Plus de 200 structures de référence prennent part à l’expérimentation, dont deux établissements de santé toulousains :

-Le CHU Toulouse – Hôpital des Enfants – Hôpital Pierre-Paul Riquet (épilepsie, situations palliatives, douleurs neuropathiques réfractaires, spasticité douloureuse de la sclérose en plaques) ;
-L’IUCT Oncopole – Institut Claudius Régaud (certains symptômes rebelles en oncologie).

Quid de la légalité du CBD non thérapeutique ?

En France, les produits à base de CBD qui présentent un taux de THC inférieur à 0,3 % peuvent être librement commercialisés. Le législateur se base sur l’avis du Comité Scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui estime que le cannabidiol « ne présente pas de potentiel d’abus ou de nocivité pour la santé publique ». Il subsiste toutefois une incertitude juridique qui menace les professionnels du secteur.

Rappelons qu’un arrêté ministériel publié le 31 décembre 2021 avait tout simplement banni la commercialisation des fleurs et feuilles de CBD pur, suscitant l’ire des professionnels du secteur et menaçant 2 000 commerces de mettre la clé sous le paillasson. Saisi par la profession, le Juge des Référés du Conseil d’Etat a suspendu cette interdiction le 24 janvier 2022, la jugeant « injustifiée et disproportionnée au regard des éléments en [sa] disposition ». La plus haute institution administrative de l’Etat doit encore formuler un avis définitif sur la question, sans doute au deuxième semestre 2022.

En dépit de cette incertitude, les grandes enseignes investissent le marché, à l’image de Monoprix qui a fait circuler un « CBD Truck » en région parisienne pour promouvoir les nouveaux espaces CBD ouverts dans ses rayons « beauté » et « parapharmacie ».

 

La rédaction