ESTA : les Français toujours privés de voyage aux Etats-Unis ?

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ESTA : les Français toujours privés de voyage aux Etats-Unis ? CDR
ESTA : les Français toujours privés de voyage aux Etats-Unis ?
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Peut-on aujourd’hui se rendre aux Etats-Unis pour des vacances ou un voyage d’affaires ? C’est la question que se posent beaucoup de Français, après des mois et des mois d’interdiction de voyage au pays de l’oncle Sam. Entre Travel ban, restrictions de dernière minute et quarantaine, difficile de dire avec exactitude si les détenteurs de l’ESTA peuvent effectivement fouler le sol américain. Autre question qui revient souvent : quelles sont les conséquences de la crise de la Covid-19 sur les autorisations ESTA en cours de validité ?

L’interdiction de voyage aux Etats-Unis prolongée

C’est désormais officiel, le nouveau président américain, Joe Biden, vient de prolonger l’interdiction de voyage (« Travel ban ») pour les pays de l’espace Schengen dont la France, mais aussi le Royaume-Uni, l’Irlande, le Brésil, l’Afrique du Sud, la Chine, l’Iran et l’Inde. De plus, toute personne ayant séjourné dans un pays visé par l’interdiction de voyager dans les 14 jours précédant son entrée aux États-Unis se verra refuser l’entrée sur le territoire américain à titre temporaire. Cela dit, si vous êtes un ressortissant de l’un des pays soumis à l’interdiction de voyage mais que vous avez séjourné ailleurs pendant 14 jours avant votre arrivée aux Etats-Unis, rien ne vous empêche de fouler le sol américain… du moins, en théorie. Notez que depuis le 26 janvier 2021, vous devrez également présenter un test PCR négatif ou une preuve de guérison si vous avez été infecté par le virus pour pouvoir vous rendre aux Etats-Unis.

Des exceptions à l’interdiction de voyager existent et concernent les citoyens américains, les titulaires d’une Green Card, les membres de leur famille et les personnes dont l’entrée aux Etats-Unis revêt un « intérêt national ».

Entrée exceptionnelle aux Etats-Unis : le National Interest Exception (NIE)

Malgré l’interdiction, certaines catégories de personnes peuvent se rendre aux Etats-Unis à titre exceptionnel, à condition de faire une demande de « National Interest Exception » (NIE). La NIE, ou exception d’intérêt national, est une autorisation délivrée par le Département d’Etat américain lorsqu’il estime que l’entrée d’une personne qui, autrement, ne serait pas autorisée à entrer sur le territoire américain, présente un « intérêt national ».

Au début de la crise sanitaire, seuls les professionnels de la santé et les employés d’infrastructures d’importance nationale (services d’urgence, producteurs d’énergie…) pouvaient prétendre à une NIE. Aujourd’hui, d’autres catégories peuvent demander et obtenir une exception d’intérêt national, à savoir : les dirigeants d’infrastructures vitales pour le pays, les personnes ayant des intérêts économiques importants aux Etats-Unis, les journalistes, certains titulaires du visa « J », les immigrants qui doivent entrer aux Etats-Unis pour des urgences humanitaires ou médicales, les travailleurs de la santé publique, le personnel militaire et autres contacts clés du gouvernement américain, les pilotes d’avion, le personnel navigant titulaire des visas « C-1 » ou « D », les demandeurs de Green Card, etc. La liste est régulièrement mise à jour par l’administration Biden.

Interdiction de voyage aux Etats-Unis : pour combien de temps encore ?

L’interdiction de voyager aux Etats-Unis est en vigueur jusqu’à nouvel ordre et sera réexaminée par le gouvernement américain tous les 30 jours. Depuis le 26 janvier 2021, à moins d’être frappés par l’interdiction d’entrée, les voyageurs doivent présenter soit un test PCR négatif, soit un certificat attestant de leur guérison du Covid-19 avant d’entrer aux Etats-Unis. Le test PCR en question doit être réalisé moins de 72 heures avant le départ. A défaut du test PCR, le voyageur peut également présenter une preuve fournie par une autorité sanitaire attestant qu’il est complètement rétabli du coronavirus.

Notez toutefois que l’interdiction de voyage aux Etats-Unis s’applique également aux personnes vaccinées issues des pays soumis au Travel ban, le vaccin ne prévenant par la propagation du virus.

Interdiction de voyage : peut-on toujours demander un ESTA ?

En bref, oui. Malgré l’interdiction d’entrée sur le territoire américain, il est toujours possible de soumettre une demande d’autorisation de voyage ESTA pour vos futurs voyages aux Etats-Unis, que vous pouvez formuler sur France ESTA. Etant valide pour une durée de 2 ans, ou jusqu’à expiration de votre passeport, l’autorisation de voyage électronique ESTA peut donc être demandée en ces temps de crise sanitaire. Il est intéressant de noter que même si plusieurs administrations américaines tournent désormais au ralenti, les demandes d’ESTA sont toujours traitées rapidement. Aucun changement de délai d’obtention n’a été signalé à ce jour.

La question qui se pose est donc la suivante : quelle est l’utilité de faire une demande d’ESTA alors que les voyages aux Etats-Unis sont toujours interdits ou, du moins, sévèrement limités ? Même s’il est actuellement interdit de se rendre aux Etats-Unis depuis la France, des rumeurs persistantes font état d’un assouplissement dans les prochaines semaines. Vous avez donc tout intérêt à demander votre ESTA maintenant, d’autant plus que sa durée de validité est de 2 ans.

Comment peut-on se rendre aux Etats-Unis malgré l’interdiction d’entrée ?

L’interdiction d’entrée aux États-Unis pour les pays susmentionnés n’est pas directement liée à la nationalité du voyageur, mais uniquement à son séjour dans ces pays. Cela signifie que les touristes français, par exemple, peuvent visiter un pays qui n’est pas soumis à l’interdiction d’entrée deux semaines avant leur entrée prévue sur le territoire américain et prendre l’avion à partir de ce pays vers les Etats-Unis. Veillez toutefois à vous assurer qu’il s’agit bien d’un vol direct pour les Etats-Unis, ou que le pays d’escale n’est pas concerné par l’interdiction d’entrée avant de confirmer votre réservation.

Mon autorisation ESTA est-elle désormais invalide ?

Les autorisations ESTA déjà approuvées pour les citoyens des pays concernés par l’interdiction d’entrée ne seront pas refusées rétroactivement. Si, comme expliqué ci-dessus, vous souhaitez entrer aux Etats-Unis via un détour, il est vivement recommandé de consulter votre compagnie aérienne au préalable. Celle-ci devra informer les autorités américaines que vous avez séjourné dans un pays « autorisé » au moins 14 jours avant votre vol vers les Etats-Unis. Au cas où les autorités américaines soupçonnent une violation de l’interdiction d’entrée, elles se réservent le droit d’invalider votre ESTA.

Séjourner aux Etats-Unis avec une autorisation ESTA durant la crise sanitaire

Depuis le 18 mars 2020, date correspondant au début « officiel » de la pandémie, les voyageurs ESTA peuvent demander une prolongation de séjour auprès de l’USCIS (US Citizenship and Immigration Services), sous réserve de respecter certaines conditions :

-Être aux Etats-Unis avec une autorisation ESTA à l’heure de la demande ;
-La durée de validité de l’autorisation électronique de voyage ne doit pas dépasser les 14 jours ;
-Ne pas être en mesure de quitter les Etats-Unis pour une raison indépendante de sa volonté (annulation de vol par exemple).

Si vous répondez à l’une de ces exigences, votre séjour aux Etats-Unis peut alors être prolongé pour une durée maximale de 30 jours. Attention, si vous dépassez la durée officiellement autorisée, vous courez le risque de vous voir exclu à vie du programme ESTA.

A propos de l’autorisation de voyage ESTA USA

Le « Visa Waiver Program » (VWP) fait référence au programme d’exemption de visa lancé à la fin des années 1980 par les Etats-Unis d’Amérique pour encourager l’arrivée de touristes issus de pays « amis ». Ce programme a été « corrigé » par l’autorisation de voyage électronique ESTA, mise en place par les autorités américaines le 12 janvier 2009, pour des raisons de sécurité. Dès lors, tous les citoyens des pays participant au programme d’exemption de visa peuvent se rendre aux Etats-Unis sans visa, mais avec une autorisation de voyage électronique. Plus simple, moins onéreuse et beaucoup plus rapide qu’une demande de visa, la procédure d’obtention d’une autorisation ESTA se fait directement en ligne en remplissant un formulaire dédié. Dans une moindre mesure, le VWP peut également être sollicité par les voyageurs d’affaires, on parle alors de « Business Visa Waiver », qui permet à ces derniers de participer à des conférences organisées sur le territoire américain par exemple. Les autres voyages d’affaires tels que ceux visant la création d’une entreprise aux Etats-Unis ne sont pas couvert par le VWP, même si le séjour ne dépasse pas les 90 jours autorisés dans le cadre de l’ESTA.

Vous l’aurez compris, tous les citoyens des pays participant au programme VWP peuvent voyager aux Etats-Unis sans visa (sauf exceptions). Il existe toutefois certaines conditions à remplir pour chaque pays afin de recevoir une autorisation de voyage, comme le fait d’avoir un passeport avec une durée de validité minimale qui change selon le pays d’origine du voyageur. Par ailleurs, en vertu du « Visa Waiver Program Improvement and Terrorist Travel Prevention Act of 2015 » promulgué le 1er avril 2016, tous les demandeurs sont tenus d’avoir un passeport biométrique en plus d’une autorisation ESTA valide lorsqu’ils se rendent aux Etats-Unis.

Notez toutefois qu’être citoyen d’un pays participant au programme VWP ne vous qualifie pas automatiquement à l’ESTA. En effet, certaines catégories de personnes sont exclues de la demande d’autorisation électronique de voyage aux Etats-Unis, notamment les citoyens des pays du VWP qui se sont déjà rendus en Iran, Irak, Somalie, Syrie, Soudan, Yémen ou Libye depuis mars 2011 (les diplomates et le personnel militaire ne sont pas concernés). C’est également le cas des personnes qui se sont déjà vu refuser l’entrée aux Etats-Unis à la frontière ou qui ont été expulsées du pays, ou encore de celles qui n’ont pas respecté les conditions d’entrée aux Etats-Unis, comme le fait de dépasser la durée de validité de l’ESTA par exemple (90 jours sur le territoire américain).

 

La rédaction