La passion de défendre selon Maître Vergès

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Ce jeudi, Maître Vergès était à Toulouse pour donner une conférence sur le thème : La passion de défendre. Photo / CTICe jeudi, Maître Vergès s’exprimait sur le thème de « La passion de défendre » à la Bibliothèque de l’Ordre des Avocats avant de tenir une conférence à la faculté de droit de Toulouse.

 

Maître Jacques Vergès, avocat célèbre pour avoir défendu des accusés de terrorisme, de crimes contre l’humanité et des dictateurs, s’exprimait ce jeudi au sujet de « La passion de défendre », un sentiment qui l’anime sans conteste. « Dans le procès pénal, on est dans l’humain, les thèmes sont les mêmes que dans les romans et les tragédies ». Le parallèle se poursuit. Il cite Antigone et Jeanne d’Arc qui ont « remis en cause l’autorité du roi ou celle de l’Eglise ». Il fait référence aux nombreuses œuvres littéraires qui traitent de crimes et remarque qu’elles « titrent généralement le nom du criminel, pas celui de la victime, parce que c’est lui qui nous interroge sur nous-mêmes ». L’avocat s’attache à faire parler le crime, à comprendre et expliquer. « Un beau procès, c’est quand la vérité éclate, et l’avocat est là pour cela ». Et il constate que, comme dans « Lettre à mon juge » de Simenon, les criminels éprouvent la nécessité d’expliquer leur geste car « la confession est un besoin ». Elle permet de « donner du sens au crime et aussi de transmettre un message à la société ». Maître Vergès affirme que tout le monde possède une part d’ombre et que « le criminel est un homme qui nous ressemble, c’est ce qui le rend effrayant ».

 

Evolution de la profession

« La profession évolue considérablement » constate Maître Vergès. Il y a « moins de place pour l’oral, pourtant essentiel » et plus pour l’écrit. Il y a également « de plus en plus de grands cabinets dont on ne voit jamais les avocats au Palais. » En outre, certains avocats exercent exclusivement des taches qui incombaient autrefois à d’autres professionnels, « comme les notaires par exemple ». Il regrette aussi l’influence négative de certaines directives européennes comme celle qui contraint un avocat à dénoncer son client si ce dernier lui confie de mauvaises intentions. « C’est trahir le secret professionnel » affirme-t-il. S’il avait un conseil à prodiguer aux jeunes avocats, ce serait qu‘« il s’agit de la plus belle des professions, à condition d’être indépendant, de se méfier de l’autorité et aussi de l’opinion publique ». Car « dans l’opinion publique, l’avocat est complice de son client, ce qui est faux : il ne soutient pas ses thèses mais il le considère comme un être humain ».

 

Laetitia Vieillescazes