L’état troque des crédits d’aide aux sans-abris contre des gilets pare-balles

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Tract du collectif inter-association de Toulouse. Photo / CTIPlusieurs millions d’euros prévus pour le relogement d’urgence des sans-abris n’ayant pas été utilisés, ils vont être réaffectés à d’autres fins, notamment à l’achat de gilets pare-balles pour la police.

 

Ce mercredi les collectifs d’aide aux personnes sans domicile fixe, soutenus par la Ligue des Droits de l’homme, se réunissaient lors d’une conférence de presse pour informer de l’affectation à l’équipement de la police de plusieurs millions d’euros initialement prévus pour le relogement d’urgence. Valérie Pécresse, ministre du Budget, a en effet déclaré lors de la séance de l’assemblée nationale du 2 Décembre 2011 que « les 5 millions d’euros prélevés sur le FARU (Fonds d’Aide au Relogement d’Urgence) ne seront pas dépensés d’ici la fin du mois » et qu’« ils seraient mieux utilisés dans le cadre de l’acquisition des gilets pare-balles ». « C’est inacceptable » s’insurgent les associations humanitaires et caritatives. Geneviève Genève, porte-parole du Collectif Inter-associatif, explique qu‘en raison de la situation sociale et économique actuelle, « le problème s’aggrave sensiblement et il est de plus en plus difficile d’accompagner les SDF ». Pourtant, le budget alloué aux dispositifs de logement d’urgence, d’insertion, de veille sociale a diminué de 1,1 %, « ce qui représente une baisse énorme » observe Francis Saint-Blancat, représentant du FNARS Midi Pyrénées. « Quand on apprend qu’il reste des millions non utilisés, on est révoltés » déclare-t-il.

 

Une cause nationale

Les associations constatent que le phénomène s’amplifie et qu’il touche une population jusqu’ici épargnée, dont « beaucoup de jeunes et aussi des salariés qui dorment dans leurs voitures par exemple ». Ainsi, des milliers de gens sont sans-abris et ce sont en moyenne 200 personnes dont des familles et des enfants qui dorment dans la rue chaque soir à Toulouse faute de places en hébergement d‘urgence. « Il s’agit d’une priorité nationale, des personnes, des femmes, des enfants dorment dans la rue, et des gens meurent » affirme Francis Saint-Blancat, relayé par Geneviève Genève qui ajoute qu’elle « ne comprend pas l’état qui abandonne ces gens, le ministère ne mesure pas ce qui se passe dans ce pays, c’est inacceptable, la situation des SDF doit être déclarée cause nationale ».

 

Laetitia Vieillescazes