Sectes : même « Steve Jobs était sous l’emprise d’un naturopathe »

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Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires était hier à Toulouse. Photo / CTDRLe président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires participait hier à un colloque sur le thème « Les sectes en question ». L’occasion de revenir sur un phénomène qui ne désemplit pas.


A Toulouse, il n’y a pas trop d’affaires de sectes traitées par les tribunaux, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ou que le phénomène régresse. Au contraire, il est en pleine expansion, « 25% des Français connaissent dans leur entourage au moins une personne victime des sectes », déclare Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Cela est dû notamment à l’augmentation du nombre de gourous thérapeutiques qui exercent une emprise psychologique sur leurs patients, car ils connaissent leurs faiblesses.    
« Il n’y a pas de profil type, tout le monde dans un moment de faiblesse physique ou émotionnelle peut se faire entraîner dans une secte. » Il n’y a pas d’âge, cela touche les enfants comme les personnes âgées. « Regardez Steve Jobs, c’était un génie, pourtant, son cancer du pancréas aurait pu être soigné par la médecine moderne, mais il était sous l’emprise d’un naturopathe et se soignait avec des jus de fruits. » Il utilisait des traitements trouvés sur internet, « d’ailleurs, cet outil est devenu un des moyens utilisés par les sectes pour recruter. »

 

Mesures de prévention

Pour la prévention, il s’agit surtout de faire de l’information, avec des rapports annuels au Premier Ministre. « Nous informons aussi les magistrats, formons des agents de terrain pour les enquêtes et la surveillance, des assistantes sociales… », poursuit Georges Fenech. La Miviludes fait aussi de la contre-information sur la fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012 et communique avec les maires des villes où se tiennent colloques et conférences sur ce thème. « C’est un danger pour la population de prêter des locaux municipaux pour des conférences qui peuvent être nocives à l’ordre public. Il faut être vigilant », souligne-t-il.           
Une fois que les personnes sont dans la secte, il n’est pas trop tard pour les aider, car « nous continuons la prévention, mais nous ne pouvons pas les en sortir de force. » Et une fois qu’elles sont libérées de l’emprise sectaire, il est très difficile pour elles de se remettre de cette période de leur vie, cela peut prendre des années.

 

Marion Pires