Action Directe: quand les assassins crient au meurtre.

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Jean-Marc Rouillan ancien membre du groupe terroriste Action Directe, est incarcéré depuis 23 ans. Photo / CTDRJean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, anciens membres du groupe terroriste Action Directe, sont incarcérés depuis 23 ans. Tous deux ont un état de santé instable, voire très grave. Samedi dernier, à Toulouse, Bordeaux et Fresnes, des militants se sont réunis pour manifester leur soutien aux détenus.


Action Directe: du militantisme musclé aux crimes terroristes.

Né dans les années 1980, Action Directe est un groupe militant d’extrême gauche responsable d’une cinquantaine d’attentats sur le sol français. Considéré comme un groupe terroriste par les autorités judiciaires, ses derniers membres ont été arrêtés en 1987. Seuls subsistent à ce jour Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, condamnés à perpétuité pour les meurtres de l’ingénieur général de l’armement René Audran et du PDG de Renault Georges Besse.


Une polémique aux détours ambigus.


Jean-Marc Rouillan, âgé de 58 ans, a pu bénéficier il y a deux ans d’une semi-liberté. Il divulgue alors illégalement, lors d’une interview accordée à L’Express, des informations sur ses anciennes activités. Sa semi-liberté aussitôt révoquée, l’avocat des prisonniers, Me Jean-Louis Chalanset crie à l’acharnement judiciaire. Le Parti Communiste Français ainsi qu’un groupe de soutien se mobilisent en faveur de sa libération.

En mai 2009, on diagnostique à Rouillan une maladie rare et dégénérative, le syndrome d’Erdheim-Chester. Du fait de son état de santé, il réclame depuis août sa libération. Cipriani, bien qu’à peu près rétabli, a lui aussi souffert de sérieux problèmes de santé.

Au-delà de l’argument sanitaire, leur avocat souligne le caractère « ridiculement long » de la peine. « Les deux détenus ont tous deux accompli plus de 18 ans de prison ferme, la période de sûreté minimum prévue pour l’emprisonnement à perpétuité. » Les groupes de soutien établissent en outre de fréquents parallèles avec des criminels Nazis tel Maurice Papon, qui n’ont accompli qu’un temps réduit de prison ferme. Henri Malberg, membre du conseil exécutif du Parti Communiste, clame la nécessité d’un « soutien élargi » aux détenus.


Une bataille au long-terme pour une issue incertaine.

A propos de la bataille judiciaire qui se déroule depuis des années, Me Chalanset confie à Toulouse Infos: « C’est un procès de vengeance d’état. Un véritable entêtement à l’encontre ces deux personnes. » Cependant, ni lui ni ses clients ne comptent baisser les bras. « De toute façon, même en cas d’issue positive, il y aura appel. Rien n’est garanti, mais nous y croyons. » Le verdict sera rendu le mercredi 24 février.


L’état critique de Mr Rouillan nécessite une attention pointue et des soins particuliers. Cependant, le seul médecin spécialiste en mesure de lui procurer un traitement convenable n’a toujours pas reçu le malade. En cas de force majeure, il sera ainsi de toute manière retiré en urgence du milieu carcéral, pour être transféré dans une unité hospitalière adaptée.


Margaux Benn