Au nom du père…

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Ce n’est qu’à 15 ans qu’il apprend la vérité. Après des années de vie familiale douloureuse, après une psychanalyse et un livre, Marc Bradfer est un homme qui veut aborder la question du célibat des prêtres à la lumière de son vécu. Car l’affrontement entre les besoins de l’homme et les serments du prêtre, Marc Bradfer le connaît.

 

Pendant la guerre, la mère de Marc Bradfer, mineure de 19 ans et fille de notable, tombe enceinte de son père, un prêtre.

Son histoire est un témoignage de la souffrance que peut engendrer le statut des prêtres ; une obligation de célibat qui paraît de moins en moins tenable au fur et à mesure que les tabous tombent et dévoilent des cas de prêtres menant plusieurs vies, des confessions d’hommes et de femmes d’Eglise sur leurs relations sexuelles. Et des histoires dramatiques d’ecclésiastiques pédophiles.

Comment peut-on endurer l’inexistence de relations intimes, un élément fondamental de la vie affective, alors qu’on doit écouter les secrets intérieurs des autres dans le confessionnal, questionne Marc Bradfer.

Le fils de prêtre, aujourd’hui écrivain, affirme que la polémique des relations amoureuses des religieux existe à l’intérieur de l’Eglise, officieusement. Souvenons-nous que Sœur Emmanuelle ou encore l’Abbé Pierre, des figures certes progressistes, déclaraient leur désaccord avec ce célibat, en confiant avoir eu des relations intimes.

L’auteur de « Fils de prêtre » est aussi contre l’obligation du célibat pour les ecclésiastiques. Selon lui, un prêtre devrait avoir le choix, le droit de dire oui ou non à ce renoncement. Il s’agit d’avoir la liberté de vivre dans l’abstinence, en accord avec sa conception de fidélité à Dieu, ou de considérer ce rejet de la sexualité comme un isolement et un manque.

Une existence sans vie sexuelle ne devrait pas être la condition sine qua non d’une carrière dans l’Eglise.

Mais Marc Bradfer le souligne, la solution ne semble pas résider dans une unique modification du statut des prêtres, avec l’autorisation des relations amoureuses.

L’essence du problème se trouve aussi dans la relation aux femmes.

A l’heure où un autre débat sur la burqa mêle religion et regard sur la femme, le célibat des prêtres impose, là aussi, de se questionner sur la place de celle-ci dans l’interprétation de la religion.

Cécilia Mégharfi