Correspondance de grève

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Les salariés d’Airbus ont amorcé une grève vendredi. Photo / Crédit Airbus SASLes salariés d’Airbus ont amorcé une grève vendredi. Salaires, embauches et avenir de leur activité ne sont pas les seuls points de lutte contre leur direction, puisque les dirigeants et les grévistes s’accusent mutuellement d’agissements illégaux par note interne et tract syndical interposés.

 

Pour demander augmentation de salaire, nouvelles embauches et refuser le transfert d’activité vers l’Allemagne, les salariés d’Airbus ont cessé le travail depuis ce vendredi 23 avril.

Et ils relatent une situation économiques de l’entreprise qui tranchent avec la version qu’en donnent leurs dirigeants.

D’abord, l’intersyndicale d’Airbus fait état d’une réalisation de bénéfices pour 2009 se chiffrant en milliards. Il dénonce donc l’inexistence de participation, ainsi qu’un intéressement dérisoire par rapport aux autres entreprises du groupe EADS. Tout ceci face à des salaires élevés des dirigeants, dans une situation économique qu’on leur décrit comme difficile.

En effet, dans une interprétation différente des résultats d’Airbus, la direction rapporte la décevante performance de l’entreprise en 2009, année de crise, alors que l’entreprise doit continuer à fortement investir pour son futur et l’évolution de ses constructions aéronautiques.

Dans cette conjoncture, la tête de l’entreprise avait proposé une augmentation des salaires de 1,9% et une prime d’intéressement de 557 euros, la semaine dernière.

Une proposition qui n’a fait qu’accroître le mécontentement des salariés.

L’action tourne donc à l’affrontement entre salariés et exécutif de l’entreprise.

Car la direction accuse les grévistes de bloquer l’activité de chargement et déchargement en occupant le bâtiment C40.

Si la grève constitue un « droit constitutionnel qu’Airbus respecte »assure Thierry Baril, chargé des ressources humaines, la direction émet des doutes quant à la légalité d’une action syndicale qui « vise à entraver la liberté du travail »  et « désorganiser l’entreprise », rapporte le vice-président exécutif chargé des ressources humaines, dans une note interne.

La direction aurait d’ailleurs procédé à des constats par huissier du blocage de travail et menacerait maintenant d’agir en justice contre les grévistes à l’origine de « ces faits inacceptables » avertit-il.

La direction assure tout en même temps sa volonté de maintenir le dialogue.

Aux menaces et appels à la raison, le personnel répond qu’il s’agit de manœuvres d’intimidation, et accuse à son tour les dirigeants d’Airbus d’entrave au droit de grève.

Le maintien du dialogue serait-il en mauvaise passe ?

Cécilia Mégharfi