Dans la rue, les plus en danger sont les SDF

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Délogés d’un bâtiment de l’Armée du Salut, un groupe de 17 SDF s’est fait agresser par un riverain armé hier matin. Une violence qui traduit l’insécurité dans laquelle vivent les sans-abri reçus par la Mairie et le Préfet hier après-midi.

 

Mercredi à 6 heures du matin, un groupe de 17 SDF est délogé d’un bâtiment de l’Armée du Salut sur ordre de la Préfecture. L’institution qui se donne pour « mission de venir en aide à toutes les personnes en difficulté, sans distinction (…) et d’apporter une aide d’urgence aux plus démunis et de les accompagner dans un processus de réinsertion. », selon son site internet, avait obtenu l’expulsion par décision de justice. Car l’Armée du Salut, pourtant signataire d’une Charte de non-expulsion, considère le local insalubre et souhaite le vendre.

Ni le groupes de SDF, ni la Mairie ne savait que le recours à la force serait mis en œuvre hier matin. Le groupe de sans-abris dénonce l’agissement de la préfecture qui n’est ni légitimé par l’urgence, ni par la nécessité : le groupe avait organisé le squat et aucun problème n’était à déplorer.

Initialement, la municipalité suivait le projet du groupe qui veut créer un espace d’hébergement, d’aide et d’orientation, afin de donner un tremplin pour les personnes à la rue.

La Mairie qui soutient le groupe a reçu des représentants des Enfants de Don Quichotte et du collectif SDF Sans Frontières, hier après-midi à 15h, afin de trouver une solution de logement pour la nuit dernière.

Car hier matin, le groupe s’est fait agresser par un commerçant de la place Bachelier, où il s’était installé. Le patron d’un restaurant du quartier, qui embauchait l’un d’entre eux depuis 15 jours, les a menacé avec une arme et frappé son employé à coup de crosse. Le militant des Enfants de Don Quichotte s’en tire avec plusieurs points de suture.

Ange, l’un d’entre eux, décrit que la réalité de sa vie de SDF est cette « insécurité » constante, en témoigne l’agression de hier matin. Mais aussi un danger sanitaire puisque que le groupe comprend 8 personnes ayant plus de 50 ans en besoin de soins.

Il est donc urgent pour le groupe de se trouver un lieu sûr.

Mis à part renouveler son soutien, la Mairie n’a pas pu proposer de solution au groupe de SDF, surtout que selon Claude Touchefeu, adjointe à la Solidarité et à la politique sociale de la ville, le relogement est une compétence de l’État.

La seule avancée de la réunion a été l’obtention d’un rendez-vous avec le Préfet. Une rencontre qui a lieu au moment de la rédaction de cet article.


Cécilia Mégharfi