Des ossements de résistants sous la prison Saint-Michel

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– VIDEO – Avant de mourir, le braqueur Cyprien Elix se confie à Monique Attia qui recherche la dépouille de son père, résistant exécuté par les nazis. Au cours de son évasion de la prison de Saint-Michel en août 1978, le multi-récidiviste creuse sous la prison et y découvre des ossements. Cette trouvaille recouperait les longues recherches de Monique Attia.


Le 17 août 1944, 2 jours avant la Libération de Toulouse, 5 ca mions embarquent 54 hommes hors des murs de la prison Saint-Michel, investie par les nazis. Ils vont être fusillés dans le bois de Buzet. Parmi eux se trouve Jean Delattre, résistant de 29 ans, donné à la Gestapo.

L’un des camions tombe en panne et n’atteint jamais l’endroit de l’exécution.

Une nuit d’août 1978, le braqueur Cyprien Elix et 4 codétenus s’échappe de la prison Saint-Michel. Par le tunnel qui leur permet l’évasion, ils déterrent des ossements humains sous ce qui était le quartier des tortures et exécutions.

Peu avant sa mort, le 8 juin 2009, Cyprien Elix guide Monique Attia dans le souterrain où se trouve les restes humains, derrière une partie qui semble recimentée. Celle qui avait 4 ans quand son père a disparu entre les mains de la Gestapo ne doute pas de l’aveux du braqueur.

Aujourd’hui, à 69 ans, elle cherche depuis plus de 40 ans les restes de son père. Le résistant a-t’il été fusillé et brûlé au bois de Buzet ou ses os calcinés font-ils partis de ceux retrouvés par le multi-récidiviste, probablement avec les occupants du camion tombé en panne ?

Son combat se résume à l’obtention d’autorisations, et n’en est pourtant pas moins difficile. Il lui faut l’aval des autorités publiques pour entrer dans l’établissement, accéder au souterrain où sont les restes humains, exhumer les os et les analyser pour savoir s’il renferme l’ADN de son père.

La prison Saint-Michel appartient à l’Etat, et devrait être vendue à la Mairie de Toulouse dans un avenir rendu incertain par les tractations. Monique Attia ne considère pas que les changements de ministres l’ait gênée dans ses demandes, mais a constaté que le passage de la municipalité de gauche en 2008 a freiné les avancées de sa requête auprès du Ministère de la Justice.

Face à la lenteur de la réponse de l’actuelle Garde des Sceaux, Monique a décidé de se confier aux médias. Quand on l’interroge, elle reste lucide sur l’issu de son appel ; si son père ne se trouve pas parmi les ossements de Saint-Michel, elle saura qu’il a été tué dans le bois de Buzet. Et elle fera tout pour transférer ce qui devrait être les os de prisonniers des nazis au musée de la Résistance.

Dans tous les cas, son combat ne sera pas vain.

 

Cécilia Mégharfi