« Ces lois nous concernent tous »

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Centre de retension de Cornebarrieu. Photo / CTDRSuite de l’interview des membres du CLIC. Claude Mercadal et Jutte Dumas nous expliquent les réalités des familles menacées d’expulsion. Témoignages.


T.I.: Vous parlez « Situation particulièrement dégradée » dans le communiqué De quelles atteintes sont victimes les étrangers sur le territoire?

C.M.: Aujourd’hui à le centre de Cornebarrieu peut contenir 140 hommes femmes et enfants, et il est toujours à 100% de sa capacité. A cela il faut ajouter les 130 policiers qui y travaillent, soit un peu moins de 1 par personne. Il faut savoir que ces gens qui sont parfois français mais à qui il manque seulement un document administratif vivent dans la peur, se sentent traqués. Même les enfants scolarisés sont ciblés. Et si par bonheur une femme est relâchée, par manque de preuves ou vice de procédure, on la laisse sur le bord de la route. Même à 9 heures du soir. C’est un enfer à vivre.

T.I.: Combien coûte la procédure de rétention et d’expulsion actuellement?

C.M.: Le coût est exorbitant. Il faut compter l’escorte au tribunal, l’aller-retour au consulat du pays concerné en avion, quand c’est à Paris et toujours sous escorte. A cela s’ajoutent les frais du centre de rétention, les aides judiciaires au frais du contribuable et enfin le renvoi du migrant dans son pays… Nous avons compté des frais de plus de 20 000€ par personne.

T.I.: Qu’est-ce qui freine leur intégration selon vous?

C.M.: Les gens vivent en France depuis plus de 10 ans et ils risquent quand même d’être arrêtés. Le problème c’est l’administration qui veut toujours plus de preuves. Aujourd’hui, tout un chacun peut avoir des difficultés à renouveler ses papiers d’identité. Il faut toujours prouver qu’on est bien français et que nos parents ne sont pas venus sur le territoire illégalement. Les lois que l’on fait aujourd’hui pour ces humains, nous concerneront tous bientôt. C’est le message que le CLIC essaye de faire passer. 
J.D.: On fait tourner ces pauvres gens en rond! Le droit d’asile n’existe plus que dans les textes en France. Les préfectures rejettent systématiquement les demandes d’étrangers. La situation est vraiment bloquée.


Propos recueillis par Walid Hamadi