Un rapport remet en cause les agissements de la police

605

La Commission Citoyen-Justice-Police a présenté mardi un rapport qui accable la police lors d’une opération menée dans un camp de Roms en février 2010. Les conclusions dénoncent la brutalité et l’atteinte à la dignité de la personne.


« Il neigeait dehors (…) je suis resté contre la caravane menotté dans le dos, sans pantalon ni chaussettes. C’est une grande honte », « Ils nous ont menotté tous les quatre, moi, ma femme et mes enfants de 12 et 18 ans. », tels sont les témoignages des familles roumaines du camp de la Flambère. La Commission nationale Citoyen-Justice-Police, qui les a entendues, se présente comme une enquêtrice sur les relations entre les citoyens, les forces de sécurité et l’institution judiciaire. Composée de la Ligue des Droits de l’Homme, du Syndicat des Avocats de France et du Syndicat de la Magistrature, elle vient de présenter son rapport après les auditions des victimes d’une intervention « musclée » des forces de l’ordre.

 

Le 10 février dernier, aux alentours de 6 heures du matin, une opération de police a été menée au plus important camp de Roms de Toulouse, celui situé Chemin de la Flambère. Les informations révélées dans la presse indiquaient alors un lien avec une affaire d’escroquerie par un couple roumain vivant en dehors de la communauté. « Les Roms de la Flambère ont été une cible, dénoncés à l’opinion publique comme tous suspects » accuse le dossier de la Commission.

 

Quand bien même la centaine d’occupants du terrain, aujourd’hui payé par la mairie, étaient suspects, les témoignages de quelques uns rapportent que deux hélicoptères étaient dépêchés, ainsi qu’une trentaine de voitures et camions. Une femme de 51 ans raconte : « un policer cagoulé m’a mis le pistolet devant la poitrine en criant. J’étais à genoux. » pendant que les perquisitions s’effectuaient dans toutes les caravanes des environs. Sur les 130 habitants sédentaires du camp, tous les hommes ont été menottés et la plupart des femmes et enfants les auraient rejoints dehors dans une température glaciale. Aucun d’entre eux n’a au final été interpellé, et aucun délit n’a été relevé, tout comme aucun objet ou produit suspect.

 

« Nous ne nous prononçons pas sur la légalité juridique et judiciaire de l’opération menée, mais nous nous interrogeons sur la stigmatisation des Roms, leur désignation comme boucs émissaires », explique Rémi Cochard, délégué régional de la LDH et enquêteur sur ces faits. Le rapport conclut: « Depuis cette intervention, cette population – qui s’est sentie mise en cause collectivement du fait de son origine et de sa situation – est dans une plus grande vulnérabilité. ».

Walid Hamadi