Orphelins haïtiens: les parents toulousains attendent toujours

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Corinne Guimbaud est parvenue a rapatrier sa fille de Haïti. Contrairement à cette Haut-Garonnaise, des centaines de parents en France attendent le retour de près de 350 enfants adoptés. Les conditions sanitaires sont alarmantes et le rapatriement des victimes est urgent. Interview.


Les gravas jonchent toujours le sol de Port-au-Prince et l’épidémie de choléra réduit encore l’espérance de vie de ses habitants. A cela s’ajoute la menace de l’ouragan Tomas qui pourrait frapper l’île à la fin de la semaine. Le collectif « SOS Haïti Enfants adoptés » tente encore d’agiter l’administration haïtienne, qui ne s’est toujours pas remise du séisme dévastateur du 12 janvier dernier. Corinne Guimbaud, membre du collectif et mère de la petite Mina, 5 ans, nous explique la situation.

 

Toulouse Infos: Vous avez enfin pu récupérer votre enfant, comment cela s’est-il passé?

Corinne Guimbaud: Je me suis à nouveau rendue sur l’île en juillet dernier, dans l’espoir de faire avancer le dossier. Mais après la prolongation de mon séjour jusqu’à mi avril, j’ai réussi à repartir avec ma fille. Une délivrance que je n’attendais pas! Il faut savoir que l’administration là-bas est débordée et accuse encore le coup du séisme. Or, depuis le mois de mars, le gouvernement français ayant arrêté le plan d’évacuation des orphelins, les jugements d’adoption a chuté drastiquement. Si l’ambassade en Haïti est très compétente, Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy ne se rendent pas compte de la situation.

 

T.I.: Justement, où en est-on là-bas? La reconstruction avance?

C.G.: Quelle reconstruction? Le sol est encore jonché de gravas des immeubles écroulés. L’ampleur des dégâts est hallucinante: Port-au-Prince semble avoir été bombardé. Les habitants n’ont que leurs brouettes pour déblayer. On se demande où sont les tractopelles, où si tel abri ou telle crèche va tenir malgré ses fissures béantes. L’épidémie de choléra m’étonne dans le sens où elle ne semble pas se propager aussi vite que les conditions sanitaires le laissent supposer. L’insalubrité ajoutée à l’ouragan approchant, le pays pourrait connaître une nouvelle catastrophe!

 

T.I.: Et les familles attendent toujours leurs enfants…

C.G.: Oui, aujourd’hui, 350 enfants sont encore coincés en Haïti pour cause de lenteurs bureaucratiques. J’ai eu de la chance de pouvoir récupérer Mina, mais tous les parents ne peuvent s’y rendre. Il faut en avoir les moyens. Ce n’est pas à eux de faire le forcing. La seule chose que l’on peut faire, avec le collectif « SOS Haïti Enfants adoptés », c’est de mettre la pression sur les politiques, pour que notre voix soit entendue. Malheureusement, le conseil général de Haute-Garonne ne nous soutient pas. Ils ont les dossiers et les listes des enfants en attente de transfert, mais ne font rien pour accélérer les choses.

 

Propos recueillis par Walid Hamadi