Grève : Securitas préfère « perdre 8,8 millions d’euros aux prud’hommes » que revaloriser les salaires

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À l’appel de la CGT, les agents de la société Securitas, chargés de la surveillance du site Airbus Central Entity, sont en grève depuis le début de la semaine. Ces salariés réclament la reconnaissance de leur qualification, une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail. Entretien avec Bruno Giglio, agent de sécurité incendie et délégué du personnel chez Securitas.

 

Toulouse Infos : Vous êtes en grève depuis lundi. Quelles en sont les raisons ?

Bruno Giglio : On est en action aujourd’hui mais notre combat a débuté il y a 3 ans. Nous avons des collègues qui font quasiment le même travail que nous et qui ont des coefficients supérieurs. On veut bien travailler, mais à un moment donné, on est obligé d’agir. On espère être réajusté auprès de notre client (Airbus), au même niveau que nos collègues du site de l’A380. Mais c’est toujours pareil, il ne veut rien entendre. La grève concerne quand même 44 salariés du site.

TI : Comment réagit votre employeur face à ces grèves répétées ?

B.G : Leur procédé est illégal parce qu’ils prennent des gens pour venir nous remplacer. Certains sont en CDD, d’autres reçoivent des primes. Sur notre tract, on a renseigné les dividendes reçus par Securitas qui sont de 14 millions d’euros en 2013. La société a les moyens de régler ce conflit et de satisfaire nos revendications, mais elle ne le fait pas. La direction préfère faire comme l’année dernière, perdre 8,8 millions d’euros aux prud’hommes, plutôt que de faire bénéficier aux salariés de meilleurs coefficients de travail.

TI : Quelles sont autres vos revendications ?

B.G : Nous n’avons pas de revendication de salaire, nous souhaitons une régularisation et une reconnaissance de nos qualifications. On voudrait des primes et surtout un planning cyclé à l’année puisqu’actuellement on n’arrive pas à gérer nos vies privées. Certains d’entre nous ont reçu sept plannings en sept jours… On est vraiment en surcharge de travail.

TI : Vous avez manifesté lundi dernier devant le siège d’Airbus. Depuis, avez-vous été entendu par votre direction ?

B.G : Nous avons eu une première négociation lundi. Le préavis de grève a été déposé 10 jours avant et ils nous ont donnés rendez-vous le jour de la grève ! Sans surprise, ils ont dit non à tout ce que l’on réclamait sauf pour le planning. Ça se voit qu’ils se foutent de nous. On aimerait la possibilité d’avoir un médiateur avec la direction parce que là, ça n’avance vraiment pas. On veut également l’intervention de l’inspection du travail. La grève est reconduite jusqu’à l’aboutissement de nos revendications. La majorité des salariés est motivée pour aller jusqu’au bout.

Propos recueillis par Charles Monnet