Trêve hivernale : « On demande la trêve éternelle »

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Samedi dernier, l’association pour le droit au logement (DAL) a dénoncé, lors d’un rassemblement devant le squat du Maquis, la fin de la trêve hivernale ainsi que l’expulsion imminente de ses habitants. Entretien avec François Piquemal, un militant de l’association engagée depuis plusieurs années auprès des mal-logés.

 

Toulouse Infos : La trêve hivernale s’arrête au 31 mars. Quel est le bilan que vous pouvez dresser de ces trois derniers mois ?

François Piquemal : Globalement, la trêve a plutôt été respectée. Il y a eu peu de cas d’expulsion de squats. Ce qui est cependant inquiétant, c’est que l’on a de plus en plus de gens qui sont venus dans les dernières semaines, dont certains parce qu’ils sont menacés d’expulsion. Le problème est que l’on a une gestion au thermomètre. Pendant l’hiver, on va ouvrir quelques places d’hébergement, mais le problème est plus complexe. Il faut absolument changer ce mode de fonctionnement.

TI : Pourquoi ce rassemblement devant le squat du Maquis ?

F.P : Ce lieu a été choisi car il est certain que les habitants de ce squat vont bientôt se faire expulser. Ils ont reçu l’ordre de quitter les lieux avant le 2 avril. À compter de cette date, ils sont susceptibles de se faire mettre dehors. Il faut savoir que le Maquis est un squat historique de Toulouse qui a le mérite de créer des initiatives aussi bien culturelles, politiques, qu’associatives. Il est implanté dans le quartier Saint-Simon, et le voisinage s’y rend souvent. Il y a même une association de voisins qui s’est montée contre le projet de rénovation qui est entrepris par l’Office HLM des Chalets. Les habitants du quartier sont contre ce projet parce qu’ils veulent vivre dans un lieu plus tranquille. Ils veulent donc créer une maison de l’entraide pour les mal-logés. C’est un projet exemplaire qui a réussi aux delà des clichés à s’implanter dans le secteur.

TI : La trêve est maintenant terminée, que demandez-vous aux politiques ?

F.P : Nous ce que l’on demande, c’est la trêve éternelle. C’est-à-dire qu’elle se prolonge toute l’année pour qu’il n’y ait aucune expulsion. Tout le monde a droit à un toit. Le maire de Toulouse doit prendre des mesures pour instaurer de meilleures conditions de logement. Il est possible d’en prendre une dizaine. Par exemple, il y a la réquisition des logements vacants qui est possible. Le maire a aussi le droit de prendre un arrêté anti-exclusion sur la commune, de produire des logements très sociaux (PLAI), ou encore d’encadrer la dette des loyers. Enfin, le plus important, parce que c’est en lien avec la situation du squat des Maquis, est que lors d’une opération de rénovation urbaine, nous voulons qu’il y ait une concertation avec les habitants du quartier. Il faut qu’ils soient acteurs de cela. Aux Maquis, cela n’a pas du tout été le cas.

TI : Jean-Luc Moudenc vient d’être élu maire de Toulouse. Pour la cause du logement, quel était le meilleur candidat ?

F.P : Le point que mettait en avant Pierre Cohen est la construction de logements sociaux. C’est vrai. Simplement, nous, on a demandé quel type de logement ils ont construit parce qu’il n’y a plus que les logements « très sociaux » qui nous intéressent. On a plusieurs revendications là où la municipalité a une marge de manœuvre. Il y a le logement social par Habitat Toulouse notamment. On aimerait que la municipalité soit plus battante envers la préfecture, dont le préfet est de droite, et qui bloque tout au niveau des initiatives d’hébergement. On aimerait donc qu’elle prenne une position plus claire et plus dure vis-à-vis de la préfecture. Quant à Jean-Luc Moudenc, on a déjà eu des expériences avec lui et ce n’était pas concluant. Il faut qu’il s’attende à nous avoir dans les pattes très vite.

Propos recueillis par Charles Monnet