Gersande Soulier : « Ma mère ne voyait pas d’un très bon œil ma passion pour le poker »

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Ancienne responsable commerciale dans l’immobilier, Gersande Soulier a tout plaqué pour vivre de sa passion : le poker. Gagnante, avec un de ses camarades, du concours Winamax qui s’est déroulé à la médiathèque de Toulouse en fin d’année, la jeune femme va monter à Paris avec comme objectif de se faire une place dans le monde du poker.

 

Toulouse Infos : Comment vous est venue cette passion pour le poker ?

Gersande Soulier : En regardant la télé il y a 4/5 ans. Sur NRJ12, il y avait la diffusion des matchs EPT (tournois européens de poker), j’ai adoré et j’ai commencé à apprendre les bases en les regardant. Ensuite, je me suis créée un compte et j’ai commencé à jouer en ligne, mais très vite, j’ai eu envie d’aller sur le terrain. Je me suis donc rendue au casino Barrière et dans des associations de poker. J’ai ensuite participé à des tournois, comme celui des « Ladies au Casino Barrière », depuis, c’est devenu un peu ma deuxième maison. Après j’ai pris la décision, il y a 6 mois, d’arrêter de travailler pour tenter de vivre ma passion. Mes amis me soutenaient, et j’avais des résultats encourageants sur les parties de cet été. A présent, je suis l’une des deux sélectionnés, sur 117 participants, au concours Winamax.

T.I : Confiante pour la suite du tournoi ?

G.S : Je suis habitué à jouer en live, et je pars assez confiante pour la finale. Je suis consciente que ce qui va se passer à Paris ne sera pas facile, mais j’y crois. J’ai déjà joué avec des pros et des semi-pros, je sais à quoi m’attendre. Pendant une semaine, je vais devoir me donner à fond. Mon objectif est de me conforter dans ma démarche, et pour cela, je compte finir sur la table des finalistes, voire remporter, si possible, le premier prix.

T.I : Dans cette finale, il y aura des joueurs provenant d’internet, mais aussi des personnes qui jouent en « live », qui préférez-vous affronter ?

G.S : Je ne pense pas qu’il y en ait un qui soit meilleur que l’autre, il faut surtout tout pratiquer. En regardant des matchs et en lisant sur internet, on apprend beaucoup sur la théorie. Les parties en ligne nous permettent d’enchainer beaucoup, beaucoup de parties. Enfin, le « live » nous permet d’acquérir de l’expérience dans la lecture des émotions des adversaires. Je pense qu’il faut pratiquer en ligne et en live, mais surtout participer à un maximum de tournois. Le poker n’est pas un jeu de hasard, malgré ce que croient beaucoup de personnes, et c’est la pratique et les conseils qui nous rendent meilleurs.

T.I : On vous dit souvent que le poker n’est qu’un jeu de hasard ?

G.S : Oui et pourtant, contrairement à la roulette, ce n’est pas un jeu de hasard. Il faut rappeler que l’on a une grande maitrise sur notre jeu et notre argent. Le seul hasard est dans la distribution des cartes, et ce n’est qu’un élément de ce jeu, ce n’est pas une fatalité. Il y a beaucoup de probabilités, de statistiques, de cotes, de pourcentages et d’analyse de l’autre. C’est avec tous ces éléments que l’on gagne, pas seulement avec les cartes que l’on a en main. Je me souviens parfois avoir joué simplement par rapport à la réaction de l’adversaire, par rapport à ce que j’avais détecté chez l’autre, et non par rapport à mon jeu. Après, je comprends que ça fasse peur, rien que de par les sommes mises en jeu. Ma mère ne voyait pas d’un très bon œil ma passion pour le poker.

T.I : Être une fille dans cet univers majoritairement masculin, vous vivez ça comment ?

G.S : Je pense que c’est un grand avantage car le milieu n’est pas habitué à voir une fille autour d’une table, encore moins quand elle gagne. Il m’est arrivé que l’on me drague, que l’on me fasse des réflexions sexistes, mais c’est une minorité de personnes qui agit ainsi. De plus, dans le milieu amateur c’est peut-être arrivé, mais dans le milieu professionnel, c’est totalement différent et il y a un respect des joueurs entre eux. De nombreuses personnes sont curieuses et intriguées. Je rencontre beaucoup de monde, je me fais plein de contacts et je pense qu’être une fille aide à ça.

T.I : Vos objectifs futurs ?

G.S : Je me donne un an pour savoir si je continue dans cette voie ou pas. Même si je ne recommande pas aux gens de tenter l’aventure, je pense qu’il y a une place pour les filles au top de cet univers. Il y en a eu et il y a de nombreuses filles qui réussissent, mais je pense qu’une personne, féminine, tout en haut et qui y reste de manière durable serait bien. Je ne sais pas si ça peut être moi, mais je vais essayer. À l’heure actuelle, j’ai confiance en moi et en mon jeu, et je compte tout faire pour monter. Cela fait 6 mois que je suis dans cette optique, mais je garde les pieds sur terre, et si ça devient la dégringolade, je me retirerai. Je vais tout faire pour y arriver et ne pas avoir à retourner au rythme métro-boulot-dodo.

 

Propos recueillis par François Nys