La Villa Escouloubre : un centre d’accueil d’urgence aux allures de « grande famille »

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Alors que les températures ne cessent de baisser, « 1800 personnes, dont 56 familles, sont toujours en attente d’un centre d’accueil d’urgence à Toulouse ». Créé il y a un an, la Villa Escouloubre propose un accueil et un accompagnement aux personnes dans le besoin. Visite de ce centre aux allures de « grande famille ».

 

« Nous accueillons ici 31 personnes, dans la villa et dans un appartement situé à côté » introduit Anne Polté, directrice de l’association Espoir. En un an, ce ne sont pas moins 118 personnes qui sont passées par ce centre d’hébergement d’urgence. « Nous accueillons des demandeurs d’asile, des sans abris…, chaque histoire est particulière » confie la directrice. Depuis 35 ans, l’association gère plusieurs logements à Toulouse qui accueillent les personnes que leur envoie le 115, et s’occupe de les aider « pour qu’elles restent le minimum dans nos centres ». « Ce n’est pas que nous ne voulons pas d’elles, mais si elles partent, c’est pour aller vers une meilleure situation, et c’est ce que nous leur souhaitons ».

Quand une personne arrive à la Villa Escouloubre, «  nous lui faisons signer un contrat, qui stipule qu’il accepte les règles de la maison et qu’il s’engage à faire les démarches pour améliorer sa situation. C’est le premier pas vers une volonté de changement » explique Anne Polté. Les règles sont simples : pas de produits illicites, pas d’abus et pas de visite. « Des règles simples de vie en communauté » résume Coline Auroy, employé de l’association. « Les familles viennent et partent, c’est le manège habituel, même si nous savons que nous n’aidons pas assez de personnes », avoue Fréderic Mouillerac, éducateur et coordinateur du centre. Cette constatation vient du fait que « tout les jours, le 115 est dans l’incapacité de trouver un logement d’urgence pour environs 130/140 personnes. Et seulement 15% des personnes en situation d’urgence appellent encore le 115 » s’attriste la directrice. « Mais nous ne pouvons ne pas faire plus, notre taux d’occupation est de 100% constamment » rajoute le coordinateur.

 

« On à l’impression d’être dans une grande famille »

« Je suis là avec mes trois enfants qui sont en prépa, au lycée et au collège » confie une mère du centre. « J’ai appelé le 115 il y a 4 mois, et depuis, je suis là. J’attends que mes papiers se régularisent car mes enfants eux sont Français » rajoute-t-elle. « Ici, c’est agréable car quand on a une demande à faire, un éducateur nous accompagne et nous aide pour comprendre comment ça se passe ». « Nous allons partir la semaine prochaine, normalement » révèle un autre membre de la villa. « Mon mari a trouvé du travail, et quand notre enfant sera en crèche, l’année prochaine, je chercherai aussi un job ». L’ambiance de la villa est « très agréable. Les responsables sont gentils et rigolent avec nous ». Elle explique aussi qu’après son départ de Limoges, sa famille était dans une grande crise financière. « Ils nous ont fait passer des colis de l’aide alimentaire et nous ont aidé à gérer nos comptes pour nous éviter de rechuter » dit elle en souriant. « C’est un endroit où nous mangeons ensemble, nous discutons… Tout le monde respecte tout le monde, c’est comme être dans une grande famille », conclut-elle.

 

Article de François Nys