Coupes budgétaires : les biologistes toulousains vont bloquer les télétransmissions

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Mardi, le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour le budget 2013 a été adopté par l’Assemblée Nationale. Ce texte devrait dégager cinq milliards de recettes supplémentaires dans le domaine de la santé, en vue d’en réduire le déficit. Mais chez les biologistes, ce financement signifie une baisse budgétaire pour la septième année consécutive. Excédés, les laboratoires lancent une stratégie de paralysie du système.

 

« Si on laisse faire, cela fera un milliard et demi d’euros de moins en l’espace de dix ans » justifie Richard Fabre, porte-parole de la Plateforme d’Exercice Professionnelle (PEP) Midi-Pyrénées. Pour contrecarrer le plan, les laboratoires de biologie médicale français ont décidé de montrer porte close tous les après-midi de la semaine prochaine. La seconde manœuvre vise à ébranler la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), qui indique les budgets à allouer à chaque secteur auprès du gouvernement. C’est pourquoi une semaine par mois, les biologistes ne transmettront plus leurs feuilles de soin vers celle-ci. Pour les professionnels, cette action devrait avoir un très fort impact. « L’objectif est de déstabiliser les caisses. Jusqu’à présent, nous communiquions gratuitement les feuilles de remboursement à la CNAM par transmission informatique. Si nous cessons de le faire, elle devra saisir toutes les demandes manuellement » explique Richard Fabre. Coup de massue certain pour l’organisme, car près de cent millions de ces feuilles sont transmises numériquement chaque année. « C’est l’Assurance Maladie qui pilote les baisses budgétaires » ajoute le porte-parole toulousain. « Face à son déficit abyssal, elle cherche à équilibrer les comptes. Nous contestons la coupe qui est faite, qui je le rappelle, nous frappe pour la septième année consécutive. Ça suffit ».

 

200 postes condamnés en Midi-Pyrénées ?

Calcul fait, la moitié des laboratoires français pourraient fermer totalement ou partiellement en trois ans. Car comme l’explique le porte-parole de la PEP, les professionnels du secteur ont un statut bien particulier. « Un laboratoire de biologie n’est pas un cabinet de médecin, il emploie souvent une dizaine de collaborateurs. Il est en quelque sorte une PME qui comme toute entreprise, finit par craquer à force d’encaisser les coups. Aujourd’hui, nous en sommes au stade où la moindre ponction supplémentaire entrainera la réduction des soins, la fermeture des sites et aura donc un effet catastrophique sur l’emploi ». A compter que la région abrite actuellement 370 laboratoires, près de deux cent emplois en Midi-Pyrénées seraient menacés. Une hécatombe déjà palpable à Ramonville, où deux sites sur trois ont déjà mis clef sous porte ces dernières années. En bloquant l’outil quotidien que sont les télétransmissions, les biologistes pensent avoir choisi le bon balancier. « Nous avons les moyens de nous faire entendre et nous sommes extrêmement déterminés » prévient Richard Fabre. « Le message est clair, arrêtez de nous taper dessus. Nous refusons d’être une nouvelle fois la variable d’ajustement des économies de santé ».

 

Christophe Guerra