« Médecins pigeons »: une association toulousaine outrée lance une pétition

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L’accord passé la semaine dernière entre les syndicats de médecins et la Sécurité sociale sur l’encadrement des dépassements d’honoraires ne cesse de faire polémique. Handi-Social, une association basée à Toulouse, amorce la contre-attaque. Elle a lancé le 26 octobre dernier une pétition qui sera transmise à Marisol Touraine, Ministre des affaires sociales et de la Santé. Intitulée « Ni dindons, ni pigeons, juste des usagers de la santé en colère! », celle-ci dénonce l’attitude de certains médecins face à un accès aux soins de plus en plus difficile et sélectif.

 

« Qui sont les vrais pigeons, qui sont les dindons de la farce de l’accès aux soins ? ». Ainsi commence la pétition lancée sur les réseaux sociaux par Handi-Social et sa présidente Odile Maurin. « Nous en sommes à 1400 signatures à l’heure actuelle. Nous utilisons les moyens qui sont les nôtres. Ce nombre n’est pas représentatif de celui des usagers en colère aujourd’hui ». Des patients offusqués par la pleurniche de certains praticiens. « Nous sommes un bon nombre à être énervés par le mouvement des médecins pigeons. Je trouve l’attitude de ceux qui ont signé cette lettre déplorable. Certains médecins bossent beaucoup et méritent leur salaire. Mais il n’y a pas de quoi venir pleurer » explicite la présidente, qui rappelle que certains de ces professionnels peuvent toucher entre 6000 et 9000 euros par mois.

 

La maille, c’est la santé

Franchises, participations forfaitaires, déremboursements, taxation des contrats de complémentaire santé, incitation à l’automédication…autant de sujets sur lesquels l’association refuse de fermer les yeux. Avec en première ligne, ces fameux dépassements d’honoraires, désormais légiférés. « Le problème n’est pas celui des gros dépassements, mais des dépassements en tant que tels. Beaucoup aujourd’hui n’ont pas les moyens de payer une mutuelle. Un surplus de dix ou vingt euros est déjà insurmontable pour les personnes les moins favorisées » pointe Odile Maurin. Une difficulté d’accès aux soins qui touche selon elle de plus en plus aussi les classes moyennes. En d’autres termes, lorsque des « médecins pigeons » larmoient sur l’impossibilité de réaliser des dépassements d’honoraires, c’est en quelque sorte l’hôpital qui se fout de la charité. C’est bien le cas de le dire.

 

Désengagement de l’Etat

Marisol Touraine, la Ministre de la Santé, est bien le nom stipulé comme destinataire de la pétition. « Elle doit revenir sur ces négociations. Il faut que les choses soient traitées au Parlement et pas discrètement autour d’une table » demande Odile Maurin. Selon elle, le climat de rigueur économique n’est qu’un bon prétexte. « Le problème de la destruction du système de santé a commencé bien avant que l’on parle d’austérité. Avant qu’il y ait la crise, les déremboursements étaient déjà en marche. Il faut reposer la question de l’accès aux soins et de la Sécurité Sociale. Quand celle-ci a été créée, la crise était bien plus forte qu’elle ne l’est maintenant. Comment se fait-il qu’elle ne puisse plus assumer son rôle aujourd’hui ? ». La question est posée.

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Christophe Guerra