Parue le 21 septembre 2021 dans la revue scientifique « Journal of Infection », une étude réalisée par les équipes du CHU de Toulouse permet d’établir des seuils d’anticorps protecteurs contre une infection ou une réinfection au SARS-CoV-2. Elle démontre également que la vaccination confère une meilleure protection qu’une infection naturelle seule.
Cette étude, portée par les services de virologie, de santé au travail et d’infectiologie, a été réalisée sur une cohorte de personnels hospitaliers.
Faible protection en dessous de 140 unités/ml, protection totale au-dessus de 1700 unités/ml
L’étude se base sur les sérologies SARS-CoV-2 réalisées de juin 2020 à juillet 2021 auprès de 8758 soignants dont 276 (3%) étaient séropositifs, dans le cadre du dépistage initial.
L’objectif était d’établir une relation entre la concentration d’anticorps neutralisants et d’anticorps totaux mesurés (par une méthode immunoenzymatique) et la protection contre une infection ou une réinfection par le SARS-CoV-2.
Sur la base de 365 jours de suivi, les chercheurs ont obtenu :
– 76.8% de protection avec un titre d’anticorps neutralisants détectable et inférieur strictement à 64 ;
– 94% de protection avec un titre d’anticorps neutralisants égal à 64 ou 128 ;
– 100% de protection avec un titre d’anticorps neutralisants supérieur ou égal à 256 ;
– 12.4% de protection avec une concentration d’anticorps totaux supérieur à 13 et inférieur à 141
unités/ml ;
– 89.3% de protection avec une concentration d’anticorps totaux comprise entre 141 et 1700 unités/ml ;
– 100% de protection avec une concentration d’anticorps totaux supérieure ou égale à 1700 unités/ml.
La vaccination confère une meilleure protection qu’une infection naturelle seule
Ces seuils ont permis d’évaluer la protection conférée par une infection naturelle seule (non suivie d’une vaccination) et celle conférée par la vaccination. Après deux doses de vaccins, 15 jours après leur deuxième dose, aucun individu ne présentait de concentration faible d’anticorps totaux, ils étaient donc tous protégés a minima à 89.3%.
En revanche, 79.3% des personnes antérieurement infectées mais non vaccinés présentaient une concentration d’anticorps totaux inférieure à 141 unités/ml et présentaient un niveau de protection contre une réinfection de seulement 12,4 %.
Chloé Dimeglio, biostatisticienne au laboratoire de virologie du CHU de Toulouse dirigé par le Pr. Jacques Izopet : « La définition de ces seuils de protection en lien avec la réponse anticorps après une vaccination ou une infection naturelle est essentielle aujourd’hui pour affiner les protocoles vaccinaux (3ème dose) ou thérapeutiques (utilisation des anticorps monoclonaux) notamment pour les personnes immunodéprimées répondant mal aux
schémas classiques de vaccination. »
La rédaction