Les étudiants réquisitionnés pour la piqûre

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Image d’Illustration. Photo / CTILa situation d’urgence déclarée en France oblige une grande part des étudiants infirmiers ou médecins à assurer des permanences dans les centres de vaccination contre la grippe A. En Midi-Pyrénées, cette situation fait des mécontents et des sceptiques.

 

Grippe A et vaccin : Petit retour en arrière pour ceux qui y auraient échappé jusque là.

La situation d’urgence déclarée en France face à la pandémie grippale, la campagne de vaccination de masse a connu des débuts difficiles : les files d’attente étaient longues, en Haute-Garonne, après l’accalmie des premiers temps, il fallait patienter environ 4 heures.

Afin de renforcer les capacités d’accueil dans les centres de vaccination, le gouvernement a dû manœuvrer autrement la barque de la santé. Sur ordre du Président de la République, en passant par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, jusqu’aux préfets, on a dépêché des renforts pour administrer les piqûres.

Sur arrêté préfectoral, les étudiants en Médecine, les internes, les infirmiers en fin de cursus, les infirmiers libéraux et des hôpitaux, les nouveaux diplômés et les médecins rejoignent les rangs des réquisitionnés. Seuls exemptés, les intérimaires.

 

Des étudiants envoyés au front de la guerre au virus

Aux quatre coins de l’hexagone, et ce depuis environ un mois, les Directions Régionales et Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales sont chargés de faire appliquer l’ordre. Elles ont accès aux listes complètes des élèves transmises par les différentes écoles.

Notamment, l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) rattaché au C.H.U. de Rangueil a été désigné pour envoyer des volontaires, obligatoires depuis cette semaine, dans les centres : les uns à bonne distance du centre-ville de Toulouse (Saint-Gaudens, Rieux-Volvestre, Bagnères de Luchon, Revel), les autres plus proches (Caserne Pérignon, Mirail, Allées de Barcelone, Saint-Martin-du-Touch).

Pour l’instant, leurs frais de déplacement ne sont pas remboursés, et il n’existe toujours pas de principe de rémunération établi.

Ceux-ci sont pourtant sommés de s’y rendre,au risque de voir leur diplôme d’État menacé. Les examens du semestre sont repoussés jusqu’à la fin de leur mobilisation, fin février ou plus. Cela dépend de l’évolution de la pandémie.

Pour chaque centre, les élèves organisent le planning à respecter : 4 élèves par jour, par plage horaire et par centre, environ 4 à 5 demi-journées que chacun doit assurer dans les 5 semaines à venir, sur leur temps de cours et de stage, Noël et jour de l’an compris.

« Nous ne voulons pas être une promotion grippe A », nous explique Wilfrid Brouard, délégué des 3ème années de l’IFSI Rangueil-Marchand.

Le service de piqûre obligatoire fait des mécontents : lettre ouvertes et pétitions ont amené la Ministre de la Santé à parler d’indemnisation cette semaine, même si le montant horaire n’est pas encore défini.

La semaine dernière, d’éminents spécialistes sont montés en chaire pour tenter de convaincre ces étudiants réquisitionnés à la veille de leurs examens du bien fondé de ce vaccin. Pour apaiser ces élèves mobilisés qui ne veulent pas sacrifier leur diplôme sur l’autel de la grippe A/H1N1.

Anaïs Wahl