Sanofi Toulouse : « on nous parle de restructuration au service de la productivité alors que la productivité est là »

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A Toulouse, l’annonce de restructuration du centre pharmaceutique Sanofi-Aventis, plonge dans l’incompréhension salariés comme pouvoir politique. Dans cette affaire, recherche de profits et recherche médicale ne feraient pas bon ménage.

 

Jeudi 13 juillet dans la matinée, une centaine de salariés du centre de recherches pharmaceutique Sanofi-Aventis de Toulouse se sont réunis devant les portes de leur entreprise. Ils s’élèvent contre la nouvelle annonce de restructuration de leur directeur général Christopher Viehbacher et craignent la fermeture du site de l’Acropole dans son intégralité.

« Où se reclasser ? ‘Des projets sont à l’étude’ nous a-t-on répondu. Mais on sait bien que si le site de Toulouse ferme, le seul moyen de retrouver un emploi ailleurs sera de passer par une reconversion totale » confie Damien, technicien en chimie depuis six ans. Déterminés à sauver leurs postes, les employés de Sanofi-Aventis, 640 au total, le sont d’autant plus que la décision de leur direction générale semble infondée. Mohamed Hilal, membre du syndicat CFE CGC explique. « Le site de Toulouse est un site historique qui a généré des produits phares. Nous sommes compétents et positionnés sur un marché haut de gamme. Aujourd’hui, deux des trois molécules rapportant le plus à Sanofi sortent d’ici. Enfin, le groupe est rentable puisque l’année dernière, sur 35 milliards d’euros de chiffre d’affaire, 8,8 milliards de bénéfices étaient annoncés, nous plaçant parmi les trois premières entreprises du CAC 40. On nous parle de restructuration au service de la productivité alors que la productivité est là! ».

 

« Il n’y a pas de raisons objectives pour que Sanofi se désengage de ce site »

Soutenus au niveau national par le ministre du Redressement Productif Arnaud Montebourg, les employés du site de Toulouse peuvent aussi compter sur un fort soutien local.

Député socialiste de la neuvième circonscription de Haute-Garonne, Christophe Borgel qui a le premier porté la question au gouvernement, rappelle que « dans ce dossier, la première chose à faire est l’affirmation d’une volonté politique. Après il y a des éléments comme le refus de plan de reconversion par exemple. Il est clair que beaucoup de plans sociaux ont été repoussés au lendemain de l’élection. A droite on a voulu caché un bilan calamiteux. Mais au-delà des querelles d’héritage, il faut mener la bataille politique et la discussion industrielle. Il n’y a pas de raisons objectives pour que Sanofi se désengage de ce site » déclare le député.

Que pousserait donc Christopher Viehbacher à prendre une telle décision?  Pour Denis Murat, responsable Sud-Chimie, il n’y a pas de doute. « Depuis son arrivé en 2009, Christopher Viehbacher a mis en place une stratégie financière redoutable. Il a clairement indiqué un objectif constant de rentabilité ainsi que l’augmentation de 30 à 50% du reversement des bénéfices en dividendes au niveau des actionnaires. Cependant la recherche a un coût, de plus en plus dur c’est vrai mais il est légitime. Si l’on ferme le site de Toulouse, ce sont les médicaments de demain qui en pâtiront et bien sûr la santé sur le long terme ».

Parce qu’ils y « croient » et qu’ils se battront jusqu’au bout, une délégation d’une cinquantaine d’employés du centre se sont rendus mercredi à Bercy pour un CCE (Comité Central d’Entreprise) avec leur direction. Ils y ont rencontré Élias Zerhouni, président monde de la Recherche et Développement du groupe.

Hier au soir, Laurence Millet, chercheuse et élue au comité d’établissement Sud Chimie confiait, « pour le moment, nous sommes toujours dans les mêmes questionnements…».

 

Céline Roudière