Municipales : les amateurismes de la campagne toulousaine

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Le dernier sondage sur les élections municipales à Toulouse, en date du 25 février dernier, révèle une réalité cruelle pour la majorité des candidats en lice. A trois semaines du premier tour, aucune force ne semble concurrencer les deux principaux rivaux : le maire sortant Pierre Cohen (PS) et l’ancien maire Jean-Luc Moudenc (UMP). A côté, la multitude de petites listes se démènent pour mener campagne, souvent marquée par le manque de moyens et l’amateurisme.

 

Les dépôts des listes sont clos. C’est officiel, il y aura dix candidats le 23 mars prochain, au premier tour des élections municipales. Le dernier sondage  IPSOS / STERIA pour France Bleu Toulouse, France 3 Midi-Pyrénées et La Dépêche du Midi, montre que Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc sont au coude à coude, avec respectivement 36 et 37 % d’intentions de votes.  La 3e force du sondage, l’écologiste Antoine Maurice, arrive péniblement à 7% (en baisse de 2 points par rapport au dernier sondage), suivi par le FN Serge Laroze à 6%. Quant aux 6 autres candidatures, elles représentent, en additionnant leurs scores, 14% des intentions de votes… « Ces petites listes sont le reflet de la division de la gauche, rappelle le politologue toulousain Stéphane Baumont, elles ont une volonté d’exister politiquement. Ce n’est pas mauvais pour la démocratie locale même si elles risquent de ne pas être représentées si elles ne font pas 10% ». Chacun a le droit de se présenter, au nom « de la liberté d’expression républicaine », mais « il y a une inégalité matérielle et financière entre les candidats », d’autant que ceux qui n’atteindront pas 5% des suffrages ne pourront pas se faire rembourser leur campagne. Cela se traduit par « un manque de rigueur et d’intendance, mais c’est tellement compliqué de porter une candidature, que c’est à décourager de se présenter », remarque le politologue. Les candidats suivants ne se sont pas découragés, quitte à faire quelques bourdes.

Antoine Maurice (7%), tête de liste de Toulouse Verts demain, n’a pas connu de grandes déconvenues dans sa campagne… jusqu’à la présentation de sa liste, le 12 février dernier. En signe de diversité et d’ouverture, l’écologiste compte dans son équipe, une candidate « transgenre », Florence Bertocchio (anciennement Florent Bertochio). Seul problème, son positionnement entre deux femmes va à l’encontre de la règle paritaire qui oblige une alternance systématique homme/femme. « Nous nous sommes trompés car aux dernières régionales, Florence était encore considérée comme un homme par l’Etat civil et nous avons été obligés de la placer entre deux femmes sur la liste », s’explique le candidat. L’anecdote remonte tout de même à 2010, l’équipe aurait pu se tenir informer pour la constitution de leur liste. L’erreur a été rectifiée, mais elle a certainement eu davantage d’écho dans la presse, que son travail de terrain pourtant dense.

Serge Laroze (6%), le candidat FN, ne fait tout simplement pas campagne. Pas de tractage, pas de  conférences de presse ni même de communiqués. « Je n’en ai pas besoin, François Hollande fait campagne pour moi ! », rétorque-t-il sur le sujet. A 73 ans, ce Lepéniste de la première heure ne représente pas vraiment le nouveau visage du Front national. Une de ses rares actions a été la publication d’une grille de mots croisés. L’occasion de faire preuve d’ « humour », avec des définitions du type : «Fait fortune dans le rempaillage de chaises et le commerce du cuivre». Réponse : ROM.  «Si on n’a plus le droit de rigoler… », proteste le candidat.

Christine de Veyrac (4%), ex candidate UDI aujourd’hui sans étiquette, multiplie les incohérences. En septembre dernier, elle annonce la sortie de son livre,  « Itinéraire d’une passion rebelle » dont quelques extraits ont été publiés en avant-première dans la presse. Le livre qui devait paraître aux éditions Privat n’est jamais sorti. En janvier, elle perd l’investiture UDI (qui soutient depuis le candidat UMP), mais arrive tout de même à présenter une liste « apolitique », selon elle. Son numéro 2, Eric Mouton, est tout de même au bureau de l’UDI… Mais le véritable couac reste la présence de deux femmes côte à côte sur la liste présentée à la presse. Alertée par un journaliste, Christine de Veyrac n’a pas souhaité réagir. Il faut dire qu’elle n’a pas l’excuse d’avoir une candidate transgenre…

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Guillaume Truilhé