Le Conseil Municipal vu de l’intérieur

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Le Conseil Municipal vu de l’intérieur. Photo / CMT Patrice NinVendredi dernier, les élus de la ville de Toulouse et leurs opposants se sont enfermés pendant plus de 7 heures dans la salle du Conseil Municipal. Une marmite en ébullition, parfois proche de l’explosion.

 

La démocratie en action, premier tableau. Il est 9h30 du matin, les conseillers municipaux s’installent à l’immense arc formé par les tables en bois massif. Chacun à sa place, salutations d’usage et regards de connivence, la séance peut commencer. Certes, les symboles de la République illustrent entre ces murs de hautes ambitions, ces valeurs qui sont les nôtres y prennent un cadre autrement plus officiel et plus noble.

Rapidement, on entame les préliminaires du débat comme on aborde une Marianne, avec humanité, avec des mots justes et solennels. On revient sur AZF, le procès, et la mémoire des citoyens toulousains qui réclame plus de justice. Mais la dégringolade est rapide et la note de base rapidement dissonante.

 

Le plat de résistance, suite.

Evidemment, il y a des injustices, donc des colères, des coupables trouvés en conséquence, donc des accusateurs et des défenseurs qui accusent eux-mêmes en retour. L’ambiance en prend vite un coup, car ces temps de parole se transforment en joute verbale digne d’une simulation de procès avec la prison en moins, et d’anciennes concurrences par-dessus le marché.

Ceux-là font la société au service d’une citoyenneté confiante et ont des devoirs envers ceux qui les ont investis. Pourtant l’exercice de leur fonction semble parfois mystérieux, surtout dans ces longs moments, où les reproches prennent la place du débat. Ces adversaires d’idées se connaissent par cœur et la journée s’étire dans leurs échanges truffés de métaphores qui ne disent pas l’insulte, bien sûr. Les meilleures réparties ou les plus flambants discours sont applaudis, quoique timidement, mais qu’en est-il des vraies décisions, votées rapidement et parfois importantes ?

Maire et ancien maire se regardent en biais, et nous les regardons.

Enfin, la trêve des langues de bois.

Il est 17 heures. Les regards ont l’air fatigués mais proches de la délivrance. C’est sûr, tous ces mots inutiles, toute cette puérilité des « même pas vrai ! Si ! Non ! etc… », on n’en peut plus au bout d’un moment. Les choses se sont apaisées d’elles-mêmes, et les vœux viennent apporter de plus nobles intentions pour finir la journée. Pas tous d’accord certes, mais ensemble, engagés dans des combats qui se comprennent. On n’est pas là pour critiquer, finalement.

Anaïs Wahl