« Pas que des fleurs et des oiseaux »: Gérard Onesta fait le tour de son projet électoral.

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Retour sur l’interview de la tête de liste d’Europe Écologie, accordée aujourd’hui à Toulouse Infos.

 

Après des années dans l’hémicycle européen, l’ancien vice-président se souvient encore du moment où il a décidé de faire de la politique son corps de métier. « C’était le 16 mars 1986, à 20 heures pile. Aux élections législatives, le FN a balayé les écologistes de façon drastique. » L’architecte entame donc une carrière de politicien, mû par le désir de transformer le parti écologiste, qui occupe un trou de souris sur la scène politique, en véritable challenger idéologique.


Depuis, le militant aussi bien que le parti ont grandement évolué. « Reglo nesta », comme on le surnomme au Parlement Européen, se distingue par son irréprochable assiduité. « Je tiens à respecter les gens qui m’ont élu, à honorer la confiance que l’on m’accorde », souligne le candidat lors de son interview.


Durant l’entretien, le candidat est fréquemment revenu sur ses dix ans d’expérience en tant que parlementaire européen. Il souligne l’importance de cette école où il a acquis des compétences de gestionnaire, une aptitude à présider une administration complexe et l’habitude de mener à bien des missions délicates : « J’ai appris à ne pas me laisser dépasser par la technostructure ». Ferme dans ses valeurs comme dans sa capacité de travail, le candidat veut fonder sa politique sur la transposition des problèmes régionaux à l’échelle internationale en Europe.


L’émission retranscrit en particulier quatre idées-phares qui sont au cœur du credo écologiste. Tout d’abord, la mise en valeur d’une démocratie moderne fondée sur le débat inter-institutionnel et proche des citoyens. Budget participatif, référendums, débats, ne sont qu’une partie des méthodes qui mèneraient à cette démocratie novatrice. « Le parti écologiste n’a pas peur des gens », souligne le candidat. Il s’agit en effet d’oublier les vestiges d’une démocratie vieille de plusieurs siècles, et d’accroître le nombre de voix entendues dans le discours politique. De ce fait, la plus grande fierté du candidat est sa création de l’Agora citoyenne, qui est un lien entre le Parlement européen et la société civile. Elle permet une nouvelle forme de débats qui incluent aussi bien des membres du Parlement que des représentants d’organisations non-gouvernementales en tous genres. « Le dernier vote auquel j’ai participé avant de quitter le Parlement est celui qui l’a inclue dans le règlement ».


Ensuite, Gérard Onesta met en avant l’importance d’anticiper les problèmes, afin d’en mesurer toute la portée et d’en limiter les dommages. Par exemple, il porte d’un œil critique sur l’engouement de certains quant au futur de l’aéronautique et du tourisme. Sur le premier point, le Verts rappelle que d’ici dix ans, Total ne se consacrera plus exclusivement au marché du pétrole. De plus, selon lui, Airbus n’a vendu l’année dernière que 9 A380 sur les 400 nécessaires pour les rentabiliser. Les projets quant au devenir des pistes skiables dans la région, en outre, ne tiennent pas compte du réchauffement climatique qui diminue rapidement la quantité de neige dans nos montagnes. L’invité a lié ces estimations aux thèmes du transport, du tourisme et de l’écologie, concluant l’imminence de trouver d’autres secteurs d’investissement et, ainsi, d’autres sources de revenus pour la région. Une réorganisation du budget est donc de mise, non pas en annulant complètement la politique budgétaire en place mais en privilégiant certains secteurs trop ignorés jusqu’à présent.


Europe Écologie se dit prête à établir une alliance avec le Parti Socialiste au second tour, néanmoins cette inclination est soumise à une condition irrévocable : le respect du projet initial, même si certaines concessions doivent être faites. Si le Parti Socialistemontre un réel intérêt pour le sujet de l’écologie, sans transformer l’argument « vert » en parade médiatique, le candidat se dit ouvert à un partenariat; un bloc, en d’autres termes, pour contrebalancer la Droite. En attendant, au premier tour, son ambition est de réaliser le meilleur score possible.


Enfin, Gérard Onesta insiste à plusieurs reprises sur la richesse et la multiplicité de son programme, qui n’est pas que centré sur « les fleurs et les oiseaux ». Il entend casser le stéréotype des écologistes « monomaniaques », centrés sur une ou deux préoccupations. Europe Écologie œuvre de manière égale pour tous les aspects de la région, l’enrichir sur tous les plans et la hisser sur la scène européenne.


Ainsi, le candidat présente une politique du mieux-être en vue d’une « société de tissage de liens plutôt que d’amassage de biens ».

 

Margaux Benn