Sondages : mode d’emploi

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Carte électorale de Midi-Pyrénées. Photo / CTI« Semaine épouvantable: pas un seul sondage d’opinion. Tant pis, nous essaierons de deviner tout seuls nos propres intentions. » ironisait le journaliste André Frossard. Le sondage d’opinion rythme ostensiblement toutes les échéances électorales françaises. L’aspect prémonitoire du sondage électoral semble fasciner les acteurs politiques. Pourtant l’enquête d’opinion lue dans votre journal doit être décryptée en connaissance de cause afin de ne pas tomber dans la manipulation par les chiffres.


Chaque mois, les médias livrent jusqu’à 10 sondages de satisfaction sur nos gouvernants. Localement, la dernière polémique sur le sujet a éclaté lorsque La Dépêche publie dans son édition du 4 décembre 2009 une étude sur les intentions de vote aux régionales, en omettant de citer le commanditaire, mention pourtant obligatoire. Un commanditaire qui n’était autre que Martin Malvy, candidat PS, alors placé en tête selon l’institut CSA.

La loi prescrit la notification, au côté du résultat du sondage, du nom de l’institut l’ayant réalisé, du nom et de la qualité de l’acheteur de l’enquête, du nombre des personnes interrogées, ainsi que des dates où a été effectué le sondage. Pour exemple, le 4 mars dernier, Ifop publiait une enquête d’opinion sur la région Midi-Pyrénées pour Le Midi libre, Centre-Presse, Sud-Radio et Sud-Ouest réalisée les 2 et 3 mars sur un échantillon représentatif de 708 personnes selon la méthode des quotas.

Le sondage d’opinion politique est réalisé sur demande des partis, des ministères, afin de peaufiner leurs stratégies, et de la presse qui les adorent, une caractéristique spécifiquement française. Entre le souhait des commanditaires d’obtenir les faveurs de l’opinion dans les chiffres et la versatilité des sondés, les instituts doivent conserver l’objectivité des statistiques.

 

En France, ces instituts utilisent la méthodes des quotas, échantillons élaborés d’après une sélection de personnes selon le sexe, l’âge, la situation professionnelle et géographique afin d’obtenir une reconstitution la plus fidèle de la population française. Les sondeurs gagnent ainsi en rapidité. Mais l’enquête d’opinion est  loin d’être infaillible. Les instituts de sondage ont donc recours à des techniques de rectification dites de « reconstitution de vote ». Le sondé est, par exemple, interrogé sur ses votes passés. Sauf que l’utilisation de quotas souffre, toujours, d’une marge d’erreur. Plus le nombre de sondés est bas plus l’incertitude est importante. Pour 500 enquêtés, l’erreur est ainsi de 4,5%,  3,2% pour 1000, ou encore 1,6% pour 4000 individus.

 

Sachant qu’un échantillon est considéré comme représentatif autour de 1000 personnes et que les instituts n’en interrogent pas automatiquement autant, on peut constater que la précision est dans ce cas sacrifié à l’économie. Enfin, il reste la question de la grande absente dans la construction des sondages d’opinion : l’abstention.

Malgré tout, le recours au sondage est massif depuis les années 70. Mais ne vous attendez pas à de nouveaux sondages en cette veille de régionales, puisque la publication d’enquêtes d’opinion est interdite dès la clôture de la campagne électorale. Il faudra patienter. Seulement jusqu’à la diffusion des estimations le soir du premier tour.

 

Cécilia Megharfi

 

Sources : site d’Ipsos / Legifrance / site de l’observatoire des sondages