Chibanis: halte à la discrimination

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Lundi après midi, le Collectif « Justice et dignité pour les chibanis » manifestait devant la CRAM (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail) pour que cessent les discriminations à l’encontre de ces anciens immigrés.


Quelques hommes en bleu de travail, mimant les gestes quotidiens du chantier, sur une bande sonore qui diffuse le vacarme des travaux. Quoi de mieux pour attirer les spectateurs, et alerter l’opinion sur la cause des chibanis.

Les chibanis, « cheveux gris » en arabe, sont des anciens migrants venus en France pour travailler, le plus souvent dans le bâtiment, et pas toujours déclarés. Aujourd’hui cette population est dans une situation des plus précaire. Percevant des petites retraites et logeant dans des foyers, les conditions de leurs aides sociales se sont restreintes. En effet depuis 2007, ils doivent résider au moins 6 mois par an en France pour percevoir l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) et la CMU (Couverture maladie universelle), et au moins 8 mois pour percevoir les APL (Allocation pour le logement).


Or il n’y a eu aucune information sur ces nouvelles conditions « ni aux professionnels du secteur social ni aux bénéficiaires de ces allocations » déplore Jérome Host, membre du Collectif.

Pour lui, le but n’est autre que de « tendre un piège » à cette population, qui fait régulièrement l’objet de contrôle. Si un chibanis ne justifie pas être resté au moins 6 mois en France, il ne percevra plus les allocations et devra même dans certains cas, rembourser les sommes d’argent perçues sur plusieurs années. Alors que, comme nous l’explique Jérome Host, si l’information avait été transmise, ces gens « disciplinés et de bonne foi » auraient tout fait pour respecter les nouvelles conditions. Les revendications sont simples, arrêter les contrôles et annuler les dettes des chibanis.

Les organismes à l’origine de ces contrôles, se sont retranchés derrière la préfecture, où une « cellule anti-fraude » serait à l’initiative de ces nouvelles dispositions.


Sous le poids de leurs dettes, certains chibanis « ont préféré rester eu pays », et pour Jérome Host, ces nouvelles procédures n’auraient pour autre but que de les faire fuir, « ça arrangerait tout le monde qu’ils rentrent définitivement dans leur pays ».

 

Coralie Bombail