Robert Rochefort : « Ne pas faire des européennes un referendum pour ou contre Hollande »

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Député européen depuis 2009, Robert Rochefort est tête de liste Modem-UDI dans la circonscription du Sud-Ouest pour les élections européennes du 25 mai prochain. Il revient sur l’importance et les enjeux de ce scrutin. Entretien.

 

Toulouse Infos : De votre point de vue, à quoi sert l’Europe ?

Robert Rochefort : L’Europe a servi à ne pas se faire la guerre, de faire la paix entre nous. Aujourd’hui, elle sert à nous renforcer par rapport à la globalisation et à la mondialisation. Nos pays européens sont trop petits pour résister aux vents de la globalisation. Si nous voulons préserver nos capitaux culturels, géographiques, linguistiques, il faut que l’on soit fort. Fondamentalement, l’Europe doit servir à cela, pour nos enfants et petits-enfants. On a un exemple grandeur nature avec le dossier Alstom. 90% des avions que l’on fabrique aujourd’hui à Airbus Toulouse sont destinés à la Chine. Airbus a donc sa place dans l’Europe et la globalisation. En vendant Alstom aux Américains, on fait le contraire. Ce que beaucoup ont le sentiment que l’on dilue nos cultures à l’intérieur de l’Europe et qu’on va perdre nos identités d’occitan, de Français, de Catalan, mais c’est exactement le contraire. Si on reste dans des pays qui sont petits, ils se mettront à nouveau à se concurrencer, voir à faire la guerre des monnaies en cas de sortie de l’euro. L’Europe, aujourd’hui, c’est une façon d’être fort pour continuer de monter dans la globalisation, et on n’a pas d’autre choix parce qu’elle va à la vitesse du cheval au galop.

T.I : À quoi ça sert de voter aux Européennes ?

R.R : Ça sert à choisir l’orientation que l’on veut donner à l’Europe. Pour faire simple, il y a trois types de propositions qui sont faites. Il y a ceux qui disent qu’il faut revenir complètement en arrière et sortir de l’Europe comme le Front National. Il y a également des votes que je qualifierai d’ambigus que sont ceux de l’UMP ou du PS qui consistent en gros à dire que ça va pas bien mais qu’il ne faut rien changer. Ces derniers veulent rester dans une Europe intergouvernementale dans laquelle les chefs d’États et de gouvernements ont le dernier mot. Cela empêche l’Europe de vraiment se construire. Puis, il y a ceux qui sont pour une Europe franche et plus unie, avec plus d’intégration, en acceptant qu’on décide plus de choses ensemble. Il faut éviter le piège de vouloir faire de ce scrutin un referendum pour ou contre Hollande, ou Valls et voter pour dire ce que l’on veut faire de l’Europe : soit elle se détricote, soit elle perdure, soit elle se construit davantage.

T.I : Quel genre d’Europe défendez-vous ?

R.R : Il faut une Europe plus intégrée, avec plus de convergences de droits entre nos différents pays comme par exemple la convergence des droits sociaux et des droits fiscaux. Si on ne pouvait pas se faire de concurrence les uns les autres, il n’y aurait plus de dumping social, ni de dumping fiscal. Il faut harmoniser les systèmes de cotisations sociales et les systèmes d’impôts sur les sociétés. Il faut aussi une Europe plus démocratique car nous pensons qu’il ne faut pas que ce soit une Europe de chefs d’Etats, mais des peuples. Le pouvoir du Parlement Européen doit donc être renforcé. Nous voulons une Europe qui ait son propre budget, qui puisse avoir ses ressources et non pas avoir un budget « rikiki » qui dépend des chèques que les Etats lui envoient. Enfin, nous voulons une Europe plus visible et cela passera par l’élection d’un président européen.

Propos recueillis par Charles Monnet