Virginie Rozière : « nous devons renforcer les pouvoirs du Parlement européen »

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C’est Virginie Rozière, 37 ans, qui a été choisie par Jean-Michel Baylet, le patron du Parti radical de gauche, pour conduire la liste commune PS-PRG dans la circonscription du Sud-Ouest pour les élections européennes du 25 mai prochain. Elle revient sur sa vision de l’Europe et les enjeux de ce scrutin.

 

Toulouse Infos : À quoi sert l’Europe ?

Virginie Rozière : L’action de l’Europe n’est pas toujours perceptible par les citoyens et pourtant elle agit à différents niveaux. D’abord, elle intervient sur des projets du quotidien, de proximité. Elle intervient également dans les domaines de formation professionnelle, dans les échanges transfrontaliers, mais aussi sur les projets de développement rural, comme l’implantation dans ces zones de supérettes, de stations essence, de stations d’épuration. Elle permet aussi l’intégration et la coopération. Tout le monde connait maintenant ERASMUS, qui permet des échanges universitaires. Pour notre région, il y a bien sûr la PAC (politique agricole commune) qui représente un tiers du budget de l’Union Européenne. C’est un soutien pour le maintien d’une agriculture diversifiée, en particulier depuis sa réforme de l’année dernière avec une très forte implication du gouvernement français. L’Europe intervient également en faveur de la protection des consommateurs, leur sécurité.

T.I : À quoi ça sert de voter aux Européennes ?

V.R : Ces élections sont très importantes pour l’Europe. C’est un moment où ses citoyens peuvent exprimer ce qu’ils en attendent de cette institution, pour l’orienter vers la direction qu’ils souhaitent. Il y a une majorité de droite depuis plus de dix ans au Parlement européen mais aujourd’hui nous avons la possibilité de changer de majorité politique et de la réorienter vers plus de logiques et plus d’humanisme. Le président de la Commission Européenne va également être élu par le Parlement. Si nous avons une majorité qui change et passe à gauche, ce sera Martin Schulz, qui s’est positionné contre les politiques d’austérité dans l’UE. À l’inverse, le candidat de la droite européenne pour ce poste est Jean-Claude Juncker, l’ancien président de l’euro groupe et également ancien Premier ministre du Luxembourg. Je rappelle que ce pays est le premier paradis fiscal en Europe. Nous, nous prônons une lutte déterminée contre l’évasion fiscale. Si c’est ce candidat qui est élu à la présidence de la commission, on aura encore droit à une politique d’austérité comme on a eu jusqu’à présent.

TI : Quel genre d’Europe voulez-vous ?

V.R : En tant que candidate de gauche, je suis convaincue que l’on doit œuvrer pour une Europe plus forte et viser, à terme, une Europe fédérale. Face à la crise et ses difficultés, je suis sûre que c’est un moyen de la rendre plus forte et plus démocratique. C’est pour cela que nous devons renforcer les pouvoirs du Parlement qui est l’incarnation de l’intérêt général européen. Le problème aujourd’hui est de se positionner fortement en matière de politique étrangère. On le voit malheureusement vis-à-vis de l’Ukraine. Chaque État agit pour ses intérêts propres et l’intérêt général n’est pas assez pris en compte. Entre 2010 et 2012, j’étais au Parlement européen et j’ai vu la mise en place des politiques d’austérité. Ce sont des politiques déshumanisées qui ne prennent en compte que les intérêts financiers et n’ont aucune considération pour les peuples européens. Nous, nous avons un programme commun avec les 27 partis socialistes et progressistes européens et prônons des mesures pour une Europe plus sociale. Si on veut que l’Europe ait les moyens d’agir, elle doit se doter d’un budget propre et de ressources propres pour reconstruire un projet européen, pour mettre en place des plans de relance dans de grands projets industriels, ou encore dans les énergies renouvelables ou les nouvelles technologies. Nous voulons qu’elle s’affirme et se donne des moyens d’action.

Propos recueillis par Charles Monnet