Pierre-Alband Rouhier : « le public des webseries ne se reconnaît peut-être pas dans la télé »

678

Cette année, le Toulouse Game Show accueillait le premier Festival francophone de la Webserie. Né de la volonté de mettre en avant les créateurs de ce milieu qui travaillent souvent avec des moyens limités, le festival leur a permis d’aller à la rencontre de leur public. Rencontre avec Pierre-Alband Rouhier, l’un des organisateurs du festival.

 

Toulouse Infos : Comment est né le Festival francophone de la Webserie ?

Pierre-Alband Rouhier : L’idée de ce festival vient de l’explosion des webseries en France avec des séries comme Noob qui ont réussi à crowdfunder leur film avec un franc succès (681 046 euros pour 35 000 euros de demandés). Nous nous sommes dit qu’il serait bien d’offrir aux autres webseries de qualités, qui n’ont pas forcement autant de vues et de moyens, une visibilité et une opportunité de rencontrer leur public.

T.I : Qui est la webserie gagnante ?

P.A.R : La série est Purgatoire, une équipe de petites jeunes de la région parisienne. C’est une victoire vraiment méritée, une création qui est très équilibrée. Ce n’est peut-être pas les meilleurs dans tous les domaines, mais l’ensemble donne un produit de qualité. J’ai assisté à des délibérations, et pour cette catégorie, ils ont fait l’unanimité. Pour les autres prix, meilleure Musique : Veuf, meilleurs décors et costumes : Les Passeurs de Temps, meilleurs effets spéciaux et traitement de l’image : Les Passeurs de Temps, meilleurs dialogues : Mordred, meilleur scénario : Vincent David pour Veuf, meilleur actrice : Manon Mavor dans Mordred, meilleur acteur : Guillaume Ribes dans Purgatoire et meilleure réalisation : Alexandre Michalak pour Les Souverains.

T.I : Nous en avions parlé avec Saturday Man qui est une webserie belge que vous connaissez. Selon vous, ce format est le futur du cinéma, le remplaçant de la télévision, un média alternatif ou un simple effet de mode ?

P.A.R : C’est un peu tout ça en même temps. Je n’ai pas la prétention de dire que la télé est morte surtout quand on voit que certaines émissions réunissent 20 millions de téléspectateurs… Je pense que le point fort de la webserie est la liberté. On peut via ce média raconter des histoires que l’on ne pourrait pas raconter ailleurs, et que l’on n’aurait pas imaginé proposer sur d’autres médias. Je ne pense pas que ça soit un effet de mode car ça fait 15 ans que ça existe. En ce moment, il est vrai que ça explose, mais il y a énormément de talent dans ce milieu, ne serait-ce que les 10 qui sont présents ici, et tous les autres que nous avons reçu en candidature. On est au début de quelque chose d’intéressant. Je pense que le public des webseries ne se reconnaît peut-être pas dans la télé, mais il faut aussi noter que c’est un média qui est souvent consommé en « à côté ». Les gens jouent, surfent sur internet ou font autre chose tout en regardant leur webserie.

T.I : Le TGS et le festival sont finis, quel est le bilan de ce premier numéro ?

P.A.R : Les festivaliers sont contents et à la fois étonnés d’être là. Ils ont été heureux de pouvoir rencontrer leur public et sont tous repartis des étoiles plein les yeux. Pour ce qui est de l’organisation, ça sera mon bilan perso et je ne peux pas encore en parler pour le moment. Il reste encore de très nombreux débriefings à faire, mais ça a bien fonctionné dans l’ensemble. Le public a répondu présent dans les couloirs, un peu moins dans les conférences, mais je les comprends. Aller à la présentation d’une heure sur une webserie que l’on ne connaît pas, il faut être curieux de base.

T.I : Et le deuxième festival est pour quand ?

P.A.R : Nous ne savons pas encore, nous avons d’abord besoin de prendre du recul sur celui-ci avant de voir plus loin. Nous ne savons pas à quelle périodicité nous le ferons, si nous allons tenter de le faire de nouveau dans le TGS ou à une autre date, tout reste ouvert pour le moment. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont permis de rendre ce premier numéro possible et une chose est certaine, je retravaillerai sans aucune hésitation pour le prochain numéro quand on me le proposera.

 

Propos recueillis par François Nys