Toulouse : le musée Paul Dupuy rend hommage à la famille Giscard

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À sa mort en 2005, Joseph Giscard lègue à la ville de Toulouse la totalité de ses biens. Le dernier représentant d’une dynastie de statuaires (sculpteurs de statues) qui domina l’art de la terre cuite toulousaine pendant 150 ans permet ainsi à la ville de proposer une exposition réalisée à partir d’une sélection d’œuvres et d’objets. Ces carnets de croquis, moules, outils, statues, livres de comptes et photographies sont exposés au musée Paul Dupuy jusqu’au 23 février 2014.

 

« Toulouse est une ville qui a une grande histoire de la terre cuite » introduit Marie Pierre Chaumet, commissaire de l’exposition. « Nous n’avons toujours pas fini de tout recenser et de tout étudier, mais ce que nous a légué le dernier représentant de la dynastie Giscard est unique » se réjouit-elle. Ainsi, sur un étage du musée Paul Dupuy, le public aura jusqu’au 23 février pour profiter de nombreuses créations provenant de la maison du statuaire toulousain. « Quand nous sommes allés dans la bâtisse, tout était resté tel quel, ce qui est magique sur le plan de l’historique. De nombreuses choses restent à étudier, et de nombreux scientifiques vont se pencher dessus, ce qui débouchera sur de nombreuses thèses et doctorats ».

L’exposition se découpe en plusieurs points, « mais on peut la diviser en deux parties principales : une courte histoire des statuaires à Toulouse et la maison Giscard » précise Marie Pierre Chaumet. Dans les différentes pièces, le public pourra ainsi découvrir la famille Giscard depuis Jean-Baptiste, qui a lancé l’activité en 1855. « Ils auront énormément de commandes et prospéreront jusqu’aux années 50 ou le marché deviendra beaucoup plus lent du fait de la diminution des achats de l’église et des évolutions technologiques » explique la conservatrice. À noter que la maison qui servit d’atelier compte être utilisée par la mairie «  mais tout est au stade de projet à l’heure actuelle ». Les discussions tournent autour d’une transformation de la bâtisse « soit en musée, soit en atelier pour permettre aux jeunes de pouvoir y travailler, le transformer en une pépinière d’artistes en quelque sorte ».

 

Une exposition alliant commande, histoire, art et tradition

En plus des différentes créations pour l’église, l’exposition propose de nombreux autres aspects des statuaires. « Comme dit plus tôt, l’accès aux comptes et aux différents documents nous ont permis de vraiment voir l’évolution du travail » lance Marie Pierre Chaumet. « Nous avons pu ainsi voir l’organisation et la standardisation des produits comme les vierges Saint Thérèse dont ils avaient le monopole ». Des moules sont aussi visibles comme une reconstitution d’un atelier avec des éléments provenant de la maison. « Le plus impressionnant est que Joseph Giscard travaillait avec les mêmes techniques que son père et son grand père. Hélas, cette façon de travailler est à présent perdue » s’attriste la conservatrice. À noter qu’à l’heure actuelle, il ne reste en France qu’un seul statuaire pratiquant toujours cet art de manière ancestrale : l’atelier Ficat.

 

Article de François Nys