Exposition à l’Espace Ecureuil : mais, où est Liu Bolin ?

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L’Espace Ecureuil accueille, jusqu’au 30 mars, l’étonnante exposition de Liu Bolin. Le concept ? S’introduire, sous couvert d’un camouflage de peinture, dans des décors très variés, afin de devenir quasiment invisible.

 

L’idée n’est pas banale. Au fil de l’exposition, qui compte une quinzaine de photographies, on se prend à rejouer au fameux « Où est Charlie ? ». L’artiste se met lui-même en scène dans ses clichés. Peins de la tête au pied, il se fond dans les décors à la manière d’un caméléon. « Liu Bolin choisit ses lieux. Ensuite, son équipe l’enduit de peinture, représentant le cadre dans lequel il est », explique Sylvie Corroler, la responsable de la Fondation Espace Ecureuil. C’est un travail de longue haleine, puisque selon les paysages ou la scène, il faut entre cinq et quinze heures de travail de peinture. « Pendant ce temps, Liu Bolin ne doit quasiment pas bouger ».

Son tout premier mode d’expression a été la sculpture, « mais c’est en 2006 qu’il a réalisé sa première photographie camouflage ». Lors de la préparation des Jeux Olympiques de Pékin, qui se sont déroulés en 2008, plusieurs quartiers de la mégalopole ont été rasés pour laisser place aux nouvelles infrastructures. « C’est devant les ruines de son atelier d’artiste qu’il a décidé de poser en tant qu’homme invisible pour la première fois ».

 

Et finalement, quel est le message ?

Le concept n’est pas vide de sens, bien au contraire. « L’artiste fait à travers ses clichés une critique du monde actuel, basé sur la consommation, le tourisme, l’individualisme. Il a voulu montrer qu’aujourd’hui, l’Homme se disparaît à lui-même » ajoute la responsable de la Fondation d’art contemporain. Cette critique, qui reste implicite, lui a tout de même permis d’ouvrir une galerie à Pékin. Il est aussi représenté en France par la galerie Paris-Beijing.

 

Rémi Beaufils