« Les Voisins du chaos », une bande dessinée toulousaine, gratuite et indépendante

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« Les Voisins du Chaos », BD gratuite de Sylvain Sarrailh met en évidence les difficultés des jeunes auteurs pour se faire éditer. Mais d’autres chemins sont possibles.

 

« Autour de la Terre gravite une petite chaussure taille 42 et l’on va tenter de découvrir pourquoi…». C’est avec ces mots que Sylvain Sarrailh souhaite ou plutôt ne souhaite pas dévoiler l’intrigue de sa bande dessinée disponible gratuitement sur Internet, « Les Voisins du Chaos ».

Née à Toulouse mais de parents parisiens, Sylvain termine ses études il y a 8 ans et quitte l’ETPA, nouvellement ESMA (École Supérieure des Métiers Artistiques), avec l’équivalent d’une licence info-graphie en poche. Comme il le dit lui-même assez ironiquement il ne possède pas la « culture canard de la région » mais plutôt celle des « cartoons colorés du samedi matin des années 80 et en particulier des Simpson ». Il aime les histoires d’adolescents un peu attardés, de « bras-cassés » et de « cancres » et se définit comme quelqu’un de « pas très manuel ni adroit ». Dés lors on ne s’étonnera pas que « Les Voisins du Chaos », son bébé qui aura mis presque 7 ans à naître, mette en scène des personnages masculins décalés et ou les filles jouent souvent le rôle de garde-fou.

Réalisée entièrement en numérique, le graphisme de cette bande dessinée en ligne se rapproche des rendus traditionnels et notamment de la peinture. « Je travaille avec des couleurs douces et j’évite la saturation. J’utilise beaucoup la 3D mais en la rendant le moins visible possible. Le but est d’obtenir quelque chose de vivant, de chaotique ».

Sans contexte ni époque précise, « Les Voisins du Chaos » est a classé dans le genre fantastique bien que certains personnages soient directement inspirés de l’entourage de l’auteur. « Mon enfance et les aléas de la vie en général m’inspirent beaucoup. Adolescents, mes amis et moi on était pas vraiment adapté au système scolaire » se souvient-il. « Je crois que j’ai toujours eu un peu de mal avec l’autorité…».

 

« Dans la guerre de la publication, les jeunes auteurs servent souvent de chair-à-canon »

Mais du mal, Sylvain Sarrailh en a également eu pour réaliser son projet. « Mes études terminées, j’ai soumis le scénario à plusieurs éditeurs afin de toucher une avance comme cela se fait dans le milieu. Mais les offres que j’ai reçu n’équivalaient même pas au montant d’un SMIC pour une année de travail et j’aurai perdu tout mon contrôle sur la production éditoriale. Dans la guerre de la publication, les jeunes auteurs servent souvent de chair-à-canon ».

Profitant de l’essor de la BD et du numérique, Sylvain fait ainsi le choix d’éditer sa BD via Internet et de se financer tout seul. Avant d’être une histoire « Les Voisins du Chaos » est donc avant-tout un un symbole. Celui du combat de son auteur pour garder une liberté artistique indemne.

 

Céline Roudière