Golgota Picnic VS Ave Maria au Théâtre Garonne

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La manifestation contre Golgota Picnic a réuni quelques 90 catholiques mercredi soir au Théâtre Garonne. Photo / CTI

Hier soir avait lieu la première française de la pièce de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic au Théâtre Garonne. Divers mouvements chrétiens ont appelé à la manifestation devant le théâtre, jugeant la pièce blasphématoire et christianophobe.


Des associations catholiques intégristes ont appelé à interdire la diffusion de Golgota Picnic, dernière œuvre en date de l’Espagnol Rodrigo Garcia. L’évêque de Toulouse a pris position contre cette représentation, légitimant le courroux de ses ouailles les plus radicales. En face, des partis politiques, la Ligue des Droits de l’Homme et de simples quidams manifestant pour « leur liberté d’expression, celles des spectateurs de voir ou non une pièce de théâtre, celle des artistes », comme le martèle Bénédicte Namont, la directrice adjointe du Théâtre Garonne. D’ailleurs, le théâtre affichait complet pour cette première nationale.

 

« On prie pour eux »

Laïcs et catholiques se sont fait face toute la soirée, sous le regard d’une soixantaine de policiers et CRS. Sous la houlette du père Marcillac, arrivé chapelet brandi et psalmodiant des Ave Maria et des Notre Père, une petite centaine de catholiques sont venus « prier pour le salut des pauvres pécheurs ». « On dénonce une pièce blasphématoire, que la mairie soutient et subventionne, mais on n’est pas en colère contre les gens », explique Philippa, étudiante à l’Institut Catholique de Toulouse et plus ou moins porte parole de la délégation. « Ce soir, on prie pour eux, pour que le Seigneur leur pardonne, et en même temps on proteste contre notre traitement de citoyens de seconde zone et contre la conception toute personnelle de la laïcité de la mairie. » Outre les prières et quelques chants, le Père Marcillac ne dira rien, tout comme la dizaine de moines bénédictins venus pour l’occasion de leur monastère gersois d’Aurenque. Leur ton est courtois, l’un d’eux glisse même quelques médailles de la Vierge aux journalistes qui tentent de l’interroger.

Du côté laïque, le ton énerve. « Ils ont le droit de s’exprimer, de prier, d’être en colère contre cette pièce. Mais leurs prières, ce soir, elles sont dirigées contre quelqu’un, et prier ainsi c’est comme se battre, ça ne mène à rien », déplore Pedro. « Personnellement, j’ai pas besoin qu’ils prient pour moi, je ne suis pas une brebis égarée, je n’ai pas besoin qu’on me ramène dans le droit chemin, merci. »

A l’horaire prévu du début de la représentation, les catholiques se sont agenouillés à même le bitume pour entamer une prière collective. Ils sont restés jusqu’à la fin de la pièce, malgré les chansons paillardes des laïques.

 

Alice Bru