« Livres en formes »: quand le lecteur devient spectateur

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Jusqu’au 19 décembre la médiathèque José Cabanis et les bibliothèques de Toulouse organisent l’exposition « Livres en Formes » dont la vedette sont les livres « pop-up », véritables pièces d’ouvrages faites main.


« S’agit-il encore de livres ? Des livres qui se métamorphosent ? Des objets qu’on lit ? ». Les questions que se pose la médiathèque sont légitimes tant l’objet qu’elle abrite est singulier. Le livre « pop-up » tout le monde l’a cotoyé dans sa plus tendre enfance. Il s’agit de ces recueils aux pages découpées, dépliables, en accordéon, à tirettes et toujours interactif. Véritables invitations à la manipulation et à l’amusement, ces livres animés sont rassemblés dans une grande collection que la ville de Toulouse expose dans ses établissements.

 

Dans la salle d’exposition de la médiathèque José Cabanis et les bibliothèques Duranti, Bonnefoy et au Pont des Demoiselles, des ouvrages du XVIème siècle à aujourd’hui sont exposés en hommage à l’inventivité des artistes à travers le temps. Écrivains, illustrateurs, philosophes, ingénieurs papier, artistes… tous cherchent, dans l’ajout de pièces de papier, à introduire le mouvement dans cet objet apparemment plan qu’est le livre.

 

La première pièce connue à ce jour date d’avant même l’invention de l’imprimerie au XIIIème siècle dans des manuscrits philosophiques. Le lecteur devait alors tourner des disques de papier attachés aux pages pour illustrer les propos de l’auteur. Et dans l’arche toulousaine, le public pourra découvrir les premiers usages du « pop-up » à la Renaissance à travers des livres d’astronomie en latin et vieux français. Le principe a été repris deux siècles plus tard par l’astronome toulousain Emmanuel de Viviers pour expliquer le calendrier lunaire de son époque, couvrant plusieurs années.

 

Didactique d’abord il va falloir attendre le XIXème siècle pour que l’animation des pages devienne purement ludique. Avec par exemple Lothar Meggendorfer artiste allemand et maître incontesté en matière d’animation dans le livre, qui allie la virtuosité technique à une illustration humoristique et enlevée. Peu à peu oublié, ce n’est que dans les années 1960 que le « pop-up » réapparait pour aboutir aujourd’hui à de véritables sculptures de papier et de carton qui offrent une véritable dimension artistique et esthétique au lecteur-spectateur.

 

Walid Hamadi