Valérie Marie, une pianiste toulousaine qui reprend Nougaro, Stromae et bientôt Pharrell Williams

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Valérie Marie, 40 ans, est une pianiste qui commence à faire parler d’elle dans la ville rose, notamment grâce à sa reprise étonnante de Stromae. A l’occasion de l’anniversaire de la mort de Claude Nougaro, elle a décidé de lui rendre hommage en reprenant son titre incontournable, « Armstrong ». Entretien.

 

Toulouse Infos : A quel âge avez-vous commencé le piano et d’où vous est venue cette passion ?

Valérie Marie : J’ai commencé à 6 ans. A cette époque, j’ai écouté une enfant de mon âge jouer « La Lettre à Elise » de Beethoven et j’ai été subjugué par cette musique qui m’a transporté. Lorsque je suis rentré chez moi, j’ai dit à mes parents que je voulais faire du piano. Ils n’étaient pas musiciens, ni l’un ni l’autre. Ils ont été surpris et pensaient que ça aller passer mais cela n’a pas du tout été le cas ! Ils m’ont donc inscrite dans une petite école de musique dans laquelle je suis restée 12 ans. J’avais beaucoup de facilités pour jouer. Je mangeais musique, je dormais musique, je vivais musique. J’en faisais tellement que mes parents me le fermaient parfois à clé. Cela me portait très loin de la vie terrestre. Tout ce que je fais actuellement, c’est-à-dire chambouler les musiques que je joue, cela étonnait déjà mon professeur.

TI : En grandissant vous avez pourtant pris un autre chemin et vous étiez devenu responsable marketing en communication. Quel a été le déclic qui a changé votre vie ?

Valérie Marie : J’ai eu un léger accident de voiture en sortant de l’école de mes enfants. En me rendant chez la personne avec qui j’avais eu cet accrochage pour faire le constat, j’ai vu un piano, des tableaux, des photos.  Elle m’explique qu’elle est photographe et qu’elle vit de sa passion. Cette phrase a fait « Boum ». Je lui ai dit que moi aussi plus jeune j’avais un rêve et que je voulais vivre de ma passion. Et là, elle m’a encouragé. Elle m’a dit qu’il n’était pas trop tard et que je devais aller au bout de mon rêve, qu’ils sont faits pour être vécus. « Vous ne pourrez pas le faire à 70 ans, c’est maintenant ou jamais », m’a-t-elle sorti. Elle m’invite à une exposition, le thème m’a inspiré et j’ai recommencé à composer. J’ai donc abandonné mon poste et je suis revenu vraiment à ma passion. J’ai retrouvé l’enfant que j’étais à l’âge de 10 ans.

TI : Quelles sont vos influences musicales et quels sont vos artistes préférés ?

Valérie Marie : Mon affinité personnelle va vers la musique classique. J’en écoute depuis que je suis petite. Après, je suis quelqu’un de très ouverte et je suis quelqu’un d’assez éclectique. Je balaye des univers très différents. Du côté de la scénique musicale, je reste dans les standards, les indémodables, comme Mozart, Chopin, Tchaïkovski. J’adore également l’opéra. En musique actuelle, je préfère globalement les chanteurs français et les chanteurs à texte. J’aime par exemple l’univers de Vincent Delerm. Mais je reste quand même centrée sur les grands classiques français comme Claude Nougaro ou Léo Ferré. Ma première cover était « Tous les mêmes » de Stromae parce que je lui trouve un talent énorme. C’est vraiment quelqu’un d’inclassable. Je me sens ouverte à tout mais en même temps j’aime les musiques intemporelles qui me transportent et m’élèvent.

TI : Vous avez voulu rendre hommage à Claude Nougaro pour le dixième anniversaire de sa mort. Que représente cet artiste pour vous ?

Valérie Marie : Il a un talent hors-norme. Sa voix rocailleuse vous enveloppe, vous envoûte. Je suis vraiment très sensible aux œuvres de cet artiste. Il est toujours très actuel et sortait déjà du lot à son époque. Quand on écoute « Toulouse » ou encore « NougaYork », il dégage une émotion très forte. Il vous prend aux tripes. Il se dégage une force extraordinaire et hors du commun. C’est l’une de mes icônes, çà c’est sûr.

TI : Vous parliez précédemment de Stromae dont vous avez repris « Tous les mêmes », qui a déjà fait plus de 10 000 vues sur Youtube en un peu plus d’un mois. Pourquoi cette idée et quel est votre prochain projet ?

Valérie Marie : Mon parcours jusqu’ici est fait de rencontres. Une baby-sitter m’a dit que je devrais mettre mes musiques sur internet. Je l’ai fait et cela a immédiatement plu. Un responsable de musique à Paris m’a contacté et il m’a dit qu’il aimait beaucoup ce que je faisais, que j’avais du talent. Il a continué en me disant que si je faisais 10 reprises comme celle-ci on faisait un album. Ce qui l’a séduit, c’est que ce ne sont pas des reprises « classiques ». Je prends le morceau et je le fais à ma manière, je me l’approprie. Sur ma reprise d’« Armstrong », si on ne connait pas le titre, on ne reconnait pas du tout Nougaro. Je l’ai joué sur le piano de la gare Matabiau et certains l’ont reconnu et d’autres non. La prochaine que je vais reprendre c’est « Happy » de Pharrell Williams, bien que ce soit moins mon univers. Sinon, le temps que je compose et si ça se trame bien, l’album sortira en fin d’année. Je vais également jouer mes trois reprises à « La Nuit des Publivores » au TNT le jeudi 5 juin. Mon prochain rêve est de composer des musiques de film.

 

Propos Recueillis par Charles Monnet