L’American Cosmograph, un cinéma qui défie le temps

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L’American Cosmograph, un cinéma qui défie le temps Photo : Toulouse Infos
L’American Cosmograph, un cinéma qui défie le temps
Photo : Toulouse Infos

À Toulouse l’American Cosmograph est aujourd’hui une adresse incontournable pour les cinéphiles toulousains. Son originalité fait sa force et son histoire son charme incontestable. Retour sur les pas de l’ex-Utopia.

La salle se situe au cœur de la Ville rose à mi-chemin entre la place Wilson et celle du Capitole : Le cinéma l’American Cosmograph, continue de faire vibrer l’âme cinéphile des Toulousains. Il y a deux ans, l’ex-Utopia a été repris par Jeremy Breta et Annie Mahot. « On voulait le conserver comme une salle de cinéma et surtout préserver son esprit particulier. » explique Jeremy. Car tout le charme de ce cinéma réside dans son originalité. Sa décoration hors norme, aux allures de salle de théâtre d’antan, est très appréciée par les visiteurs.

Avec son cadre chaleureux, à la limite du dépaysement, l’American Cosmograph ouvre ses portes vers un univers « contre l’air du temps » comme le qualifie Jeremy. Le cinéma ne fait en effet rien comme les autres : pas de vente de confiseries, pas de pub, des salles de projection à taille humaine, une décoration bien démarquée… « Nous ne voulons pas qu’il devienne comme les cinémas modernes aux caractères impersonnels. »

Bien qu’à deux pas des cinémas Gaumont et UGC de Jean-Jaurès, l’American Cosmograph réussit à éloigner la concurrence en proposant de l’original, une fois de plus. Loin des blockbusters et autres « hypermarchés cinématographiques », il fait son marché dans une programmation éditorialiste et très soignée. « Il s’agit de films qu’on a minutieusement sélectionnés, personnellement visionnés et qui s’inscrivent dans l’état d’esprit du cinéma. » atteste le co-gérant.

Des documentaires aux films historiques en passant par les films d’auteurs, la salle d’art et essai comble un public pour le plus souvent « âgé, féminin et éduqué. » indique Jeremy avant d’ajouter « On a tout de même l’impression qu’il y a des plus en plus de jeunes ». Ainsi l’équipe relève le défi qu’elle s’était fixé en reprenant le lieu : séduire une nouvelle clientèle tout en conservant le public de l’Utopia.

Un site culturel et fédérateur

Site culturel, cette salle mythique s’impose également comme une terre de rencontre. « C’est un cinéma à taille humaine et très proche du client » témoigne Jeremy. En effet, l’American Cosmograph se prête volontiers au jeu de la convivialité, notamment par le biais de sa participation à de nombreuses manifestations en tous genres : rétrospectives, ciné-concerts, avant-premières et festivals. Du Disquaire Day, au Cinélatino en passant par le festival musical « les Siestes Electroniques », le cinéma rassemble tout aussi bien les amateurs de musique que les cinéphiles aguerris. Et quand ce n’est pas lors d’un festival, la salle d’art et essai ameute le public au détour de débats organisés. « C’est le côté militant de l’American Cosmograph. Il y a un certain engagement citoyen et social ».

Si le cinéma jouit de nombreux soutiens, la viabilité du projet à long terme se retrouve aujourd’hui menacée. Une affaire de loyer empoisonne le quotidien des gérants du site. L’équipe donne rendez-vous aux Toulousains ce vendredi 4 mai afin de recueillir les avis et idées du public, mais également faire un point sur la situation du cinéma.

Un voyage à travers le temps

Si l’American Cosmograph est aujourd’hui un cinéma, ça n’a pas toujours été le cas. Les murs feutrés de la bâtisse regorgent d’histoire. Une histoire qui remonte au XXe siècle, date de sa création. En 1907, l’American Cosmograph, de son nom d’époque, prend place au cœur de la Ville rose comme l’une des premières salles de cinéma permanent. Cercle des Officiers en 1927 puis acquise par le clergé en 1931, la salle reprend racine en tant que salle cinématographique dans les années 40 sous le nom de « Rio ». Il faudra attendre 1993 pour qu’elle devienne l’Utopia Toulouse. Aujourd’hui et depuis deux ans, ce lieu historique est revenu à son nom d’origine, l’American Cosmograph, et réunit toujours les amoureux du septième art.

 

Kenza Gros Desormeaux