Denis Savary expose son talent au Printemps de Septembre

1090
Denis Savary
photo : toulouse infos

Depuis le 17 septembre 2015, date de son inauguration, L’Adresse du Printemps de septembre, située dans le prolongement du quai de la Daurade, est devenu le nouveau lieu incontournable pour les artistes contemporains de Toulouse et son agglomération. Invité jusqu’au 19 décembre, par les organisateurs du festival, l’artiste aux multiples talents, Denis Savary, expose une série d’œuvres dans lesquelles le réel s’exprime à travers l’image figée d’un dessin ou le mouvement continu d’un film vidéo.

 

Invité par Christian Bernard, Chargé de la redéfinition et du développement de « L’adresse du Printemps de septembre », Denis Savary nous présente une exposition qui fait la jonction entre son travail de dessins réalisés il y a de cela dix ans et une création plus actuelle, fruit d’un équilibre entre un travail constant de création.

 

Épinglés sur l’immense mur blanc de la galerie, les 250 dessins qu’il a réalisé pendant trois ans s’offrent au regard du spectateur. Cette série appelée « Java », raconte le réel lorsqu’on la regarde de près, mais laisse aussi figurer de l’abstrait lorsqu’on se met à distance : « Ces dessins accrochés de manière aléatoire, sont faits pour être vus à n’importe quelle distance. Lorsqu’on les regarde de près, d’un dessin à l’autre, il y une forme de séquence qui se crée et raconte une histoire. De loin, une autre séquence prend forme, elle est composée de points qui ondulent pour former comme des lignes. Tous les dessins accrochés sur un seul mur renforcent l’idée d’une bande dessinée qui se rejoue à chaque fois différemment, mais aussi, et de manière plus formelle, il y a le sentiment de ne voir, à première vue, que des points et des lignes. Il y a un mélange de quelque chose de très abstrait, composé d’un ensemble de figures, qui elles-mêmes, racontent chacune son histoire », nous explique Denis Savary.

 

Une volonté de dépasser les conventions :

Toujours dans une volonté de donner un élan poétique à son récit, Denis Savary utilise cette fois-ci le mouvement, grâce à deux écrans posés à même le sol et qui projettent le film « Carnaval », l’un des derniers films qu’il a réalisé. Les images diffusées semblent prendre à témoin les dessins, spectateurs immobiles du film qui se joue : « cette vidéo s’appelle Carnaval car elle évoque quelque chose d’assez joyeux comme le carnaval de Rio, mais il y a aussi posée la question du renversement, avec quelque chose d’un peu plus sombre. La projection des personnages en ombres chinoises accentue ce contraste. Cette vidéo est en ensemble de prises du réel comme le sont toutes mes vidéos. Ici, il s’agit de la compagnie de « Cirque Transe express », que j’ai rencontrée à Genève à l’occasion de l’inauguration du Musée de la Croix-Rouge et que j’ai filmée durant une représentation. »

 

En plus d’être visuelle, l’exposition que nous présente Denis Savary est aussi sonore : « Dans mon travail artistique, il y a une volonté de sans cesse réinventer mon métier d’artiste. C’est la raison pour laquelle cette exposition est accompagnée d’une bande sonore dont la particularité est d’émettre des chants d’oiseaux. L’idée de cette bande sonore me vient de Kurt Schwitters, un artiste allemand qui a fui le nazisme en s’exilant sur une île en Norvège. Durant son exile, il a écrit un grand nombre de poèmes qui avaient l’originalité de se passer du sens des mots. La beauté des poèmes reposait sur la sonorité des mots et une légende dit que les étourneaux qui sont très nombreux sur cette île, auraient repris comme élément de langage quelques fragments de ces poèmes. Cette histoire qui m’a beaucoup intéressé, m’a alors donné l’idée de faire reproduire, par deux imitateurs d’oiseaux une sorte de traduction d’un des poèmes de Kurt Schwitters. Et c’est ce qu’on entend durant l’exposition. »

 

Une exposition qui se déroule jusqu’au 19 décembre.

L’adresse du Printemps de septembre :

2, quai de la Daurade à Toulouse.

 

 

Bruno Samé