Laurent Bernadac et son 3DVarius, une impression de la lutherie moderne.

27084
Laurent Bernadac et son Violon 3DVarius

Suivant l’exemple d’Andréa Amati, qui, dès le XVIe siècle se lançait dans la fabrication de violons, et d’Antonio Giacomo Stradivari à qui il rend hommage, et dont la seule évocation du nom est synonyme d’excellence et de perfection, Laurent Bernadac, avec son 3DVarius, fruit de son imagination, marche dans les pas de ses illustres prédécesseurs.

 

 

Toulouse Infos :  Qu’est-ce qui vous a donné envie de fabriquer un tel instrument ? 

Laurent Bernadac  :  Cette envie d’un instrument de musique qui me correspond en tout point, a été le fruit d’un travail de recherche qui a duré trois ans. Violoniste professionnel, je voulais pouvoir jouer sur un instrument qui soit à la fois léger et facile à manipuler lors de l’exécution d’un concerto par exemple. En général, les violons électriques qui sont sur le marché, produisent une sonorité que je trouve assez agressive qui ne correspond pas à ma sensibilité. Ne trouvant pas le violon qui pouvait coller à mon idéal, je me suis donc mis en tête de fabriquer mon propre instrument.

 

TI :  Quelles sont les étapes qu’il vous a fallu franchir pour aboutir à la réalisation d’un violon tel que le 3Dvarius ? 

L. B :  Tout d’abord, je voulais quelque chose de léger, d’esthétique et libéré de toutes les contraintes mécaniques que l’on trouve sur un violon acoustique. Après plusieurs essais, la difficulté portait surtout sur le fait de trouver un matériau suffisamment léger et résistant pour obtenir l’objet de mon imagination. D’abord conçu en aluminium, puis en plexiglas, ces matériaux se sont avérés trop lourds et pas en adéquation avec ce à quoi j’aspirais. Pour contourner toutes ces difficultés, j’ai eu alors recours à l’impression 3D. J’ai pu ainsi utiliser le matériau le plus adapté à mon projet et obtenir un instrument constitué d’une seule pièce de moins de 450 gramme.

 

TI:  Comment procédez-vous à l’impression de ce violon ? 

L. B :  Le contenu d’un bac de résine époxy est inséré comme matière dans l’imprimante 3D. Cette résine, par un procédé de stéréolithographie, va être solidifiée en des milliards de points qui vont former près de 30 000 couches déposées pendant 24 heures. Le violon ainsi formé, va être ensuite nettoyé, puis polymérisé pour être protégé des agressions extérieures. S’ensuit 2 à 3 jours de polissage, et une autre journée pour monter toutes les pièces, telles que les cordes, le chevalet, le mentonnet, la mécanique et les différents composants électriques.

 

TI : Quel avenir prévoyez-vous pour cette innovation ?

L. B :  Il est vrai que dès l’apparition des vidéos sur internet, j’ai reçu immédiatement beaucoup de sollicitations. J’ai déjà enregistré près d’une centaine de commandes pour des musiciens professionnels. L’objectif immédiat est de créer ma propre société afin de pouvoir commercialiser le 3Dvarius. Un financement participatif a d’ailleurs été lancé pour nous aider, ce qui me permettra avec mon équipe de débuter l’activité d’ici quelques mois.

 

Nouveau venu sur le marché encore naissant du violon électrique, Laurent Bernadac espère imprimer sa marque, ce qui au regard du succès grandissant qui entoure cette invention, laisse présager un avenir dans lequel le 3Dvarius deviendra sans doute une référence dans le secteur de la lutherie moderne en réalisant une synthèse entre la tradition et la technologie.

 

 

Bruno Samé