La révolution Kanak de 1917 aux éditions Anacharsis

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éditions Anacharsis

Huit nouveaux ouvrages prennent place dans le catalogue des éditions Anacharsis qui compte désormais une centaine d’œuvres en cette rentrée littéraire. Parmi eux Les Sanglots de l’Aigle pêcheur, cet essai de 716 pages est une fine analyse de la guerre qui opposa en 1917 les Kanaks à Grande-Terre dans les environs de Koné dans le nord de la Nouvelle-Calédonie aux autorités françaises et leurs soutiens locaux.

 

 

Les éditions Anacharsis sont nées de la rencontre de Charles-Henri Lavielle et Frantz Olivié sur les bancs de la fac d’Histoire du Mirail lorsqu’ils préparaient leurs thèses. Ils ont créé l’association Anacharsis en 2000. Anacharsis est un personnage mythique d’Hérodote qui est tombé amoureux de la philosophie grecque, la sagesse barbare. Dès lors ils traduisent des textes grecs par le truchement de la littérature mais n’étant pas traducteurs spécialisés ils sélectionnent des textes et font appel à des professionnels. En juin 2002 Anacharsis sort trois textes. Il leur a fallu deux ans pour préparer les statuts juridiques de la maison d’édition. Ils sont depuis entourés de Cécile Troussel, responsable d’édition et Mily Cabrol, graphiste. Plusieurs collaborateurs travaillent régulièrement avec eux. Anacharsis propose quatre collections, Famagouste, Fictions, Essais et Les Ethnographiques. La petite collection des Ethnographiques met en pratique par l’enquête le tournant méthodologique qu’elle prône.

 

Focus sur Les sanglots de l’Aigle pêcheur, rupture et continuité après 1917

En 1917, une guerre éclate autour de Koné, dans le nord, cette guerre dure dix-huit mois et fait 300 morts. C’est une rébellion indigène face à l’occupant, les représentants de l’Etat français en l’occurrence. Parqués dans des réserves, les Kanaks se sont unis lors de cet événement majeur de leur histoire car sans cette insurrection le peuple kanak a bien failli disparaitre, c’est donc un point de rupture. Mais que veut dire ce point de référence ? « C’est le moment à partir duquel la violence est devenue telle que les Kanaks vont se retrouver devant l’impétueuse nécessité de se révolter. Apparait alors un foisonnement de littérature orale et écrite, les ténons, poèmes versifiés, il y a eu rupture dans la littérature également. Un style narratif nouveau est apparu, » raconte Charles-Henri Lavielle. L’idée de ce travail collectif est que l’histoire soit équitable également pour les Kanaks contrairement à l’histoire officielle.

 

L’objet est beau, il est lourd aussi. Ce sont plus de sept cents pages qui constituent ce travail aussi minutieux qu’extrêmement pointu en matière de Kanaky (Nouvelle-Calédonie). « Alban Bensa, un des trois auteurs de l’ouvrage est une figure de l’anthropologie, il est d’ailleurs directeur de la collection des Ethnograpiques. Il est un des premiers à avoir rompu avec l’anthropologie structuraliste avec la volonté de réintroduire la temporalité, la politique qu’il définit comme anthropologie de l’action. La Nouvelle-Calédonie est son champ d’études depuis près de quarante ans. Adrian Muckle, néo-zélandais, est historien, il est spécialiste de la guerre de 1917. Kacué Yvon Goromoedo est linguiste, il a traduit les textes, » explique Charles-Henri Lavielle. Le livre est accompagné d’une création sonore sur CD de récits et de poésies sur la guerre Kanak de 1917, réalisée par Katia Kovacic pour l’association marseillaise L’orage.

 

 

 

Vidéo : Lecture – performance de Paul Wamo lors du marathon des mots 2015. À partir du livre Les Sanglots de l’aigle pêcheur. Nouvelle-Calédonie : la Guerre kanak de 1917

Anna An Duigou