Médicaments en grande surface : Comment faire confiance après le « cheval dans les lasagnes » ?

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Jean-Marie Guillermin, Vice-président du Conseil Régional de l’Ordre des Pharmaciens. Photo / CTI

La « journée sans professionnels libéraux » s’annonce très suivie ce mardi, en particulier dans les pharmacies où le taux d’officines fermées devrait avoisiner 90%, selon les syndicats, opposés au projet gouvernemental de réforme des professions réglementées. Les dentistes, les notaires ou encore les avocats vont suivre le mouvement.

 

« C’est une première historique ! On se rassemble tous pour le même combat et pour la même idéologie », explique Jean-Marie Guillermin, Vice-président du Conseil Régional de l’Ordre des Pharmaciens. « Nous allons fermer les pharmacies pour la journée, seulement quelques-unes sont réquisitionnées pour accueillir les urgences ». La réforme contestée, qui doit entrer en vigueur en octobre, compte notamment ouvrir le capital des officines à des investisseurs extérieurs à la profession et autoriser la vente de médicaments dans les grandes surfaces. « Cela va entrainer une désertification des pharmacies », s’inquiète Jean-Marie Guillermin. « Nous allons perdre le monopole du médicament, et donc perdre en rentabilité. Les petites pharmacies risquent de fermer. De plus, l’ouverture du capital risque de nous priver de notre liberté de vente ».

Le rapport sur lequel se base la réforme est « mal fait et comporte des erreurs flagrantes car il se base sur un bilan de 2011 ». « Du coup, ce sont les chiffres de 2010 qui sont pris en compte », peste le pharmacien. Pourtant, beaucoup de choses ont évolué depuis, « comme la baisse des prix des médicaments ». « Selon le rapport, qu’ils soient vendus en grande surface reviendrait à atténuer le budget français de 4 euros par an. Sauf que l’accès aux soins n’est pas le même ». Les pharmacies étant ouvertes 24h/24, ainsi que le dimanche, « est-ce rentable d’économiser 4 euros en dépit d’un accès total aux soins ? ». Jean-Marie Guillermin craint également la contre façon de médicaments dans les grandes surfaces « au même titre qu’on trouve du cheval dans les lasagnes ». « Les pharmacies, elles, proposent des soins de qualités, servies par des conseillers professionnels. Même les habitants sont avec nous, et signent des pétitions qui seront montrées ce mardi ».

 

Les notaires ferment leurs études

Lors du mouvement de la journée « sans professionnels libéraux », les notaires, également, vont faire entendre leurs voix. « Il n’y aura pas de manifestations physiques dans les rues, mais nous comptons fermer les études aux clients », annonce Bruno Barde. Le notaire critique « l’absence de concertation » dans l’application de la réforme, « sur la totalité des sujets touchés ». « Il n’y a pas eu de volonté d’y réfléchir tous ensemble, alors nous prolongeons les contestations à l’occasion du mouvement de la journée sans professionnels libéraux ».

Article de Nicolas Drusian