Des photos de réfugiés pour « comprendre ce qu’il se passe en Syrie »

321
Des photos de réfugiés pour « comprendre ce qu’il se passe en Syrie ». Photo / CTI

Après s’être installée à Tunis, Venise, Bari, Lecce et Bordeaux, l’exposition photographique syrienne « Des mots comme refuge » s’installe à Toulouse jusqu’au 2 octobre. Résultat d’un travail de cinq mois en Jordanie et au Liban à recueillir des témoignages de réfugiés syriens, cette exposition se place du côté « des réfugiés et des civils », souvent oubliés par les médias.

 

En mars 2014, selon les Nations Unies, 6,5 millions de Syriens ont dû se déplacer à l’intérieur du pays, et 2,5 millions dans les pays frontaliers tels que le Liban et la Jordanie. « Il y a eu depuis le début du conflit plus de 150 000 morts et des centaines de milliers de blessés », rappelle Fédérico Dessì, travailleur humanitaire, à l’origine de l’exposition « Des mots comme refuge ». « À travers ces photos et cette ambiance, nous voulons communiquer ce qui se passe en Syrie et les conditions des civils ». D’après le jeune travailleur humanitaire, « les médias parlent beaucoup de la situation politique et des potentielles mesures de la communauté internationale, mais pas assez des réfugiés et des civils ». Antoine Touier, d’origine syrienne, arrivé en France en 2009 pour ses études, partage cet avis. « On a tendance à résumer la situation, les jeunes qui se battent, leur courage, les sacrifices, les familles en détresse et les habitants en exil par les termes ‘guerre civile’ et ‘régime islamiste’. Mais à travers cette exposition, on prend le temps de comprendre ». Grâce à elle, Fédérico Dessì espère « susciter de l’intérêt et un impact émotionnel ».

Cette exposition, présentée à l’occasion du festival ManifestO, a demandé cinq mois de travail. « Nous sommes allés au Liban et en Jordanie une première fois pour rencontrer des réfugiés par centaine et de toutes classes sociales, et recueillir leur histoire », explique Fédérico Dessì. « Puis nous avons fait un deuxième voyage avec le photographe Francesco Fantini pour rapporter en image les conditions des réfugiés ». Il a ensuite fallu « deux-trois mois » pour traduire les témoignages en Français, en Anglais et en Italiens, mais aussi pour trouver « des partenaires pour financer l’exposition ».

 

Action humanitaire pour les civils syriens

Le projet a été lancé en collaboration avec Médecin du Monde, une ONG qui porte notamment des « soins primaires et psychologiques » dans « deux camps de réfugiés syriens des pays frontaliers, ce qui revient à environ 130 000 personnes ». « Nous agissons depuis le début du conflit en Syrie mais nous n’avons pas eu de renouvellement d’autorisation pour rester sur le territoire », regrette Hélène Bonnet, déléguée régionale de Médecin du Monde Midi-Pyrénées. « Nous apportons également notre aide aux médecins syriens qui travaillent dans les camps de réfugiés, en les approvisionnant en médicaments et en matériels ». Impossible de faire autrement, car ces médecins syriens ont été « pris pour cible dès le début du conflit, désignés comme pro-opposant au régime ». « Beaucoup ont été emprisonnés, torturés ou tués », termine Hélène Bonnet.

 

Article de Nicolas Drusian