Le Musée Saint-Raymond expose les amphores de Niel

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D’octobre 2009 à juillet 2011, le site de la ZAC Niel (ancienne caserne Niel) a fait l’objet d’une grande fouille archéologique préventive. Les découvertes sont à la mesure de l’ampleur de l’opération, dévoilant les racines gauloises de Toulouse et bien d’autres surprises… Sans attendre la fin du travail d’analyse des archéologues, l’exposition livre les premiers résultats de cette étude : bruts de fouilles !

Les Gaulois du IIe siècle avant notre ère ont laissé les traces les plus nombreuses, témoignant de leurs activités artisanales et de leur implication au sein d’un vaste réseau d’échanges commerciaux. Mais, si visibles soient-ils, les amoncellements d’amphores méditerranéennes ne sont qu’une partie des témoignages laissés par plus de 6 000 ans de présence humaine ; premières traces néolithiques, grande nécropole à la transition de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer, agglomération gauloise de plaine, espace funéraire romain…

Il s’agit là d’une série de fenêtres ouvertes par les archéologues sur l’une des terrasses de la Garonne.

Près de 20 mois de fouilles sur 20 000 m² de terrain
D’octobre 2009 à juillet 2011, le site de l’ancienne caserne Niel) a fait l’objet d’une opération d’archéologie préventive d’une ampleur rarement atteinte à Toulouse. Les découvertes sont à la mesure de cette fouille, menée par l’opérateur franco-suisse Archeodunum, associé à la société locale Hadès et sous le contrôle de l’État (Direction régionale des affaires culturelles – Midi-Pyrénées/Service régional de l’Archéologie).

Une occupation très ancienne

Outre quelques vestiges datant du Néolithique (entre environ 5000 et 2000 avant notre ère) qui témoignent d’une fréquentation très ancienne du site, les archéologues ont mis au jour une importante nécropole à incinération de la fin de l’âge du Bronze- début de l’âge du Fer (950-750 avant notre ère). Avec plus de 70 sépultures fouillées, il s’agit du plus vaste ensemble funéraire de ce type découvert, à ce jour, en Toulousain.

L’agglomération gauloise

Durant le deuxième âge du Fer (450-50 avant notre ère), ce site en bordure de Garonne voit se développer une agglomération qui, au IIe siècle avant notre ère, a pu s’étendre sur une quarantaine d’hectares sur l’ensemble du quartier Saint-Roch. 
L’exposition présente les traces de vie recueillies par les archéologues : des objets du quotidien (céramiques, bijoux, instruments de toilette, outils…) ou les témoins de productions artisanales (moules et creusets pour le travail des métaux, pesons et fusaïoles servant au tissage, couteaux et ossements d’animaux attestant une activité de boucherie).

Une « plaque tournante » dans le commerce du vin

Mais le site est surtout marqué par la forte densité de débris d’amphores méditerranéennes (plus de 90 tonnes). Ces amphores à vin sont l’indice le plus visible d’une intense activité d’échanges à longue distance. La vigne n’étant pas encore cultivée en Gaule, le commerce du vin fut particulièrement florissant. Avec ce breuvage, de nombreuses marchandises venues du bassin méditerranéen étaient acheminées jusqu’à ce « village » gaulois situé sur un point de rupture de charge d’un axe majeur reliant Méditerranée et Atlantique. 
L’ensemble des éléments découverts offre une image ambivalente du peuple local, les Volques Tectosages. À la fois rattachés au monde gaulois, ils ont évolués dans une sphère méridionale, marquée par la présence grecque et romaine. Les activités de cette agglomération cessent au tournant du Ier siècle avant notre ère alors que la Tolosa romaine prend son essor.

L’exposition

Sitôt la fouille achevée, les archéologues ont commencé leur travail d’analyse : dessins des objets, datations, re-contextualisation des découvertes, synthèse des données… L’exposition présente cette étape fondamentale dans le travail des chercheurs durant laquelle quantités de questions sont posées et quelques réponses d’ores et déjà apportées. Le visiteur chemine dans l’exposition à la découverte des vestiges mis au jour, du néolithique à la période romaine, et s’initie aux méthodes de fouilles employées par les archéologues.

Des restitutions, telles que celle d’une tombe à incinération de la transition âge du Bronze-âge du Fer ou encore le dessin grandeur nature d’un puits profond de 4 mètres, mises en regard avec les objets les plus remarquables découverts sur le site, ouvrent de multiples fenêtres sur le passé si riche de ce quartier toulousain.

Le parcours s’achève sur une présentation du projet de la ZAC Niel et un renvoi vers l’exposition de la Maison des Associations du quartier Niel/Saint-Roch qui relate plus précisément toutes les étapes de transformation du quartier et détaille son futur.