Une loi française va interdire les tatouages en couleurs, les professionnels s’inquiètent

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Une nouvelle loi vise à interdire certains pigments, qui seraient cancérigènes, contenus dans les encres de tatouage. Cette mesure de précaution indigne les professionnels du secteur qui accusent le gouvernement de vouloir « tuer la profession ». Une loi d’autant plus problématique qu’elle entrerait en contradiction avec une loi européenne sur le même sujet.

 

« On nous impose un principe de précaution alors que l’on nous a laissés manger des bœufs chargés aux antibiotiques, et que dire du médiator  » ironise Piero, du salon la Cour des Miracles de Toulouse. « La couleur est utilisée dans les tatouages en France depuis 40 ans, et nous n’avons recensé aucun cas de cancer ou de maladie grave à cause de ces dernières », continue le tatoueur. « Il y a eu des problèmes à cause de manque d’hygiènes, mais sur ce plan, les professionnels sont ultra encadrés de nos jours  ».

Le Syndicat National des Artistes Tatoueurs, et les professionnels du milieu tiennent à rappeler qu’ils se conforment à de nombreuses close d’hygiènes qui « changent parfois tous les 4 matins, mais on accepte et on comprend, car ça nous semble légitime ». Ils sont aussi d’accord pour modifier les encres des couleurs si celles-ci avaient une toxicité prouvée, mais sont majoritairement contre une interdiction pure et simple des produits. « Je me rappelle qu’il y a 15 ans, il y avait des soucis avec les rouges et les verts provenant des États-Unis, mais depuis plus personne ne les utilise. L’Europe à fait des tests et toutes nos encres sont conformes CE » explique un autre tatoueur. « De nos jours, nombre de personnes sont tatouées en couleur, les rares retours sont venus d’allergies de crèmes antiseptiques achetées en pharmacie, ou des démangeaisons qui n’ont pas duré plus de trois jours » conclue-il. Certains autres tatoueurs contactés par nos soins, et préférant garder l’anonymat, laissent entendre « que certains ministres et dermatologues sont anti-tatouages, et que cette loi vient d’eux et n’est donc pas une surprise ».

 

La mise à mort d’une profession

« Un tatouage sur deux que je pratique est en couleur, si cette loi passe au premier janvier, ça sera la mort de la profession », s’inquiète Piero. Il tient aussi à rappeler que certains clients sont « sur des projets qui demandent deux à trois ans de travail, je fais quoi ? Je les commence en couleur, et je finis leur tatouage en nuance de gris ? ». Pour ces derniers, ce « coup de serpe à la profession » n’aurait qu’une seule conséquence : «  le tatouage couleur ne disparaitra pas, et se fera de manière clandestine, ce qui réduira à néant les efforts de la SNAT et des autres associations qui cherchent à professionnaliser le métier depuis des années ».

Les tatoueurs tiennent aussi à rappeler que la loi « qui est en discussion est en contradiction avec la loi européenne, en fait une loi illégale ». À l’heure actuelle, aucun représentant n’a eu de rendez-vous avec le gouvernement mais récemment le mouvement a été rejoint par le Sénateur Pierre Jarlier, et l’option de passer par l’Europe en cas d’application de la loi n’est pas exclue.

 

Article de François Nys