Grève dans les hôpitaux : « à croire que le gouvernement cherche à économiser sur la santé »

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La CGT des hôpitaux de Toulouse appelle à la grève ce mardi pour faire pression sur les députés qui débattent aujourd’hui du financement de la Sécurité sociale. A Toulouse, la manifestation aura lieu à 14 heures, chemin du Raisin. Julien Terrier, secrétaire général adjoint de la CGT des hôpitaux de Toulouse explique les raisons de cette mobilisation. Interview.

 

Toulouse Infos : Pouvez-vous nous parler des raisons de la mobilisation de ce mardi ?

Julien Terrier : Cette mobilisation, qui est nationale, est organisée à l’occasion du débat parlementaire sur le financement de la Sécurité sociale. Nous en sommes désaccord sur de nombreux points qui nous paraissent aberrants, à croire que le gouvernement cherche à économiser sur la santé alors que pour nous ce n’est pas là où il faille faire des économies.

De manière générale, il faut chaque année une augmentation de 4,5%  du budget afin de maintenir l’existence des structures, et pourtant celle de cette année est de 2,4%, même Sarkozy avait opté pour une augmentation de 2,7% ! Comparés à l’année précédente, nous allons devoir faire aussi bien, mais avec 2,4 milliards d’euros en moins.

T.I : En plus de l’aspect budgétaire, la politique des hôpitaux de Toulouse vous inquiètent ?

J.T : Tout à fait, à l’heure actuelle on nous demande de faire plus avec autant de personnel. Cela provoque un épuisement du personnel et surtout une détérioration dans le domaine des soins prodigués aux patients. De nouveaux bâtiments sont en constructions, ils sont beaucoup plus grands et auront une plus grande capacité d’accueil, mais paradoxalement aucune nouvelle embauche n’est prévue. Prenons un exemple : le service d’hématologie va accueillir 6 lits de plus, mais avec le même personnel. Aujourd’hui, le service est déjà à la limite et ces nouveaux patients vont rendre le bon déroulement très difficile.

Un autre point de discorde provient du nouveau cancéropole. Ce dernier est placé à côté d’une poudrière et d’une usine en zone Seveso et nous ne parlons pas des problèmes de place de parking pour les patients de Purpan. Donc nous sommes à une période où l’on réorganise tout en passant à côté de tout ce qui est essentiel.

T.I : Cela serait donc une accélération du principe de « médecine à deux vitesses » ?

J.T : Tout à fait, les établissements privés font de leur coté des études de marché et font tout pour servir au mieux leurs patients, après le prix n’est pas le même. Mais quand on voit l’état des urgences des hôpitaux où le manque de personnel et l’attente provoque souvent des relations tendues voir violentes, on se dit que l’on fait tout pour creuser le fossé entre privé et public. Au début, le personnel se pensait que c’était de leur faute, mais en voyant l’augmentation des charges de travail et la mentalité de surcharge de personnel pour économiser, au mépris de la qualité des soins, les gens prennent conscience du problème. Car la Cour des comptes dit que nous sommes à l’équilibre au niveau budgétaire, mais il faut voir ce que ça coute sur le plan humain.

 

Propos recueillis par François Nys